(Bruxelles) Au moment où l’Union européenne s’accorde sur la réouverture de ses frontières intérieures, la pandémie de COVID-19 s’accélère en Afrique et franchit de nouveaux seuils sur le continent américain.  

La vitesse à laquelle le nombre de cas confirmés de coronavirus a doublé en Afrique — moins de vingt jours — montre l’accélération de la pandémie en Afrique, a averti jeudi l’Organisation mondiale de Santé (OMS).

Selon un décompte de l’AFP sur la base de sources officielles, la barre des 200 000 contaminations par le nouveau coronavirus en Afrique a été franchie mardi.

« Il a fallu 98 jours pour atteindre la barre des 100 000 cas et 18 seulement pour franchir celle des 200 000 », a souligné le Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.  

« Même si ces cas enregistrés en Afrique représentent moins de 3 % du total mondial, il est clair que la pandémie s’accélère » sur le continent, a-t-elle précisé.

Dans le monde, la COVID-19 a fait plus de 417 000 morts, et infecté plus de 7,4 millions de personnes. Des chiffres officiels sans doute largement inférieurs à la réalité, selon la communauté scientifique.

Les États-Unis sont le pays le plus touché, avec 113 209 décès. Suivent le Royaume-Uni avec 41 279  morts, le Brésil (39 680), l’Italie (34 167) et la France (29 346).

Mais en Europe, où les nouvelles hospitalisations et les chiffres des décès sont en chute libre, Bruxelles a préconisé la levée de toutes les restrictions de voyage au sein de l’Union européenne et de l’espace Schengen dès le 15 juin, et la réouverture des frontières extérieures de l’UE dès le 1er juillet aux voyageurs des Balkans occidentaux.

La Commission s’est aussi prononcée pour une réouverture « partielle et progressive » des frontières extérieures de l’UE et de l’espace Schengen après le 30 juin.  

Le dernier mot sur les frontières appartient toutefois aux États, la Commission ne pouvant faire que des recommandations.

Minute de silence

Le déconfinement se poursuit sur le Vieux Continent. En Espagne, un des pays les plus touchés par la pandémie (plus de 27 000 morts), le Championnat de football a repris jeudi, après trois mois d’interruption, avec un derby de Séville à huis clos, dans un contexte de haute vigilance sanitaire.

Mais après la Chine et l’Europe, c’est l’Amérique qui est le nouvel épicentre de la pandémie : le virus déjà fait soixante-dix mille morts en Amérique latine et aux Caraïbes, dont près de 40 000 au Brésil.

Les États-Unis sont le pays le plus touché, et de loin : ils ont passé dans la nuit de mercredi à jeudi le cap des 2 millions de personnes infectées. Le pays continue à enregistrer autour de 20 000 nouveaux cas de coronavirus chaque jour.

Les plages de Miami ont néanmoins rouvert mercredi après près de trois mois de fermeture. Mais il faudra du temps avant que ne reviennent les sept millions de touristes que Miami Beach recevait chaque année.

« Nous nous préparons au pire »

Les perspectives sont aussi sombres en Inde où des médecins épuisés craignent que la crise sanitaire ne fasse que commencer.

« Nous ne savons pas quand le pic interviendra », déclare à l’AFP le docteur Devenu Jaune au Max Smart Super Spécialité Hospitalité, à New Delhi. « Nous espérons tous le meilleur, mais nous nous préparons mentalement et physiquement au pire ».

Le pays a commencé son déconfinement, mais 10 000 nouveaux cas sont encore confirmés chaque jour, avec au total jusqu’ici plus de 275 0000 infections.

Plus globalement, l’économie américaine, qui vit dans la crainte d’une nouvelle vague de contaminations, va connaître une récession de 6,5 % cette année, selon les nouvelles estimations de la Banque centrale (Fer) publiées mercredi.

Au niveau mondial, la récession sera d’au moins 6 %, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Dans la course mondiale pour la mise au point d’un vaccin, à laquelle participent universités et laboratoires du monde entier, les grandes manœuvres se poursuivent.

L’État brésilien de Sao Paulo a annoncé la signature d’un accord avec le laboratoire chinois Sinovac Biotech pour la production d’un vaccin, qui sera testé auprès de 9000 volontaires dès juillet.  

« Les études montrent que ce vaccin pourrait être distribué d’ici juin 2021 (si les tests s’avèrent concluants). Cet accord nous permettra de le produire à grande échelle et d’immuniser des millions de Brésiliens », a assuré le gouverneur de Sao Paulo Jolo Dorian.  

Aux États-Unis, la société de biotech Moderna a annoncé que son vaccin expérimental, cofinancé par le gouvernement américain, entrera dans la troisième et dernière phase des essais cliniques en juillet sur 30 000 volontaires.  

Moderna est, avec l’université d’Oxford qui a aussi lancé un essai à grande échelle sur 10 000 volontaires et attend des premiers résultats en septembre, partie parmi les tout premiers dans la course mondiale au vaccin.

À Chicago, une femme d’une vingtaine d’années dont les poumons avaient été abîmés de façon « irréversible » par la COVID-19 a reçu une double greffe des poumons à Chicago, a annoncé l’hôpital Northwestern.  

Il semble que ce soit la première greffe de ce type aux États-Unis, mais pas dans le monde, des médecins chinois ayant réalisé une double greffe en mars.