(Moscou) La Russie a entamé à son tour mardi un prudent assouplissement de ses mesures de confinement face à la pandémie du coronavirus, qui menace toujours de repartir dans certains pays et face à laquelle l’Organisation mondiale de la Santé recommande une « extrême vigilance ».

Chaque région russe peut ainsi lentement lever certaines restrictions-ouverture des salons de beauté, des parcs, etc. - en fonction de sa situation épidémiologique, du nombre de lits et de respirateurs disponibles, mais Moscou, principal foyer de l’épidémie avec 121 301 cas détectés, a prolongé son confinement jusqu’au 31 mai.

Comme pour de plus en plus d’habitants du globe, le port du masque et de gants est désormais obligatoire dans les transports publics de la capitale russe.  

Face à une catastrophe sanitaire mondiale qui a fait au moins 284 000 morts et affecté plus de quatre millions de personnes, selon un bilan de sources officielles sans doute largement sous-estimé, tous les pays tentent de définir le difficile équilibre entre mesures destinées à enrayer la propagation de la maladie et décisions propres à relancer des économies affectées par une crise sans précédent.

Verre en main

Mardi Singapour a aussi autorisé certains commerces et entreprises à rouvrir, dont les salons de coiffure. « Je sais que certains peuvent ne pas s’être coupé les cheveux depuis un certain temps, mais il n’y a pas besoin de se précipiter chez son coiffeur le 12 mai », disait à la presse quelques jours auparavant le ministre du Développement national Lawrence Wong.

En Inde, une trentaine de trains vont commencer mardi à circuler entre la capitale New Delhi et certaines grandes villes, avec les précautions d’usage : port obligatoire d’un masque, prise de la température corporelle, interdiction de voyager en cas de symptômes.

Première compagnie aérienne à s’engager sur la voie d’une reprise du trafic, la compagnie à rabais irlandaise Ryanair a annoncé mardi la reprise de 40 % de ses vols à partir de juillet et la mise en place de mesures sanitaires comme le port de masques et des prises de température pour les voyageurs et le personnel de bord, mais sans imposer la distanciation sociale.

La veille, la France et l’Espagne, notamment, avaient elles aussi assoupli les mesures de confinement de leurs populations, éprouvées par des semaines d’isolement.  

À Paris, ils étaient si nombreux à fêter ça, verre en main, sur les berges d’un canal dans le centre-ville que les autorités se sont empressées d’y interdire la consommation d’alcool jusqu’à nouvel ordre.

La maire de la ville a demandé mardi que le port du masque, pour l’instant obligatoire dans les transports en commun, soit étendu à « toutes les rues de la capitale française ».   

En Espagne, ils étaient nombreux à éprouver la joie de retourner dans des bars, avec des mesures d’hygiène strictes. « On a toujours peur d’attraper le virus, de contaminer nos proches, mais il faut sortir dans la rue, il faut vivre à nouveau », affirmait Marcos Rodriguez à Tarragone, sur la côte méditerranéenne.

Pour éviter des contaminations venues de l’étranger, les autorités espagnoles ont décidé mardi que les personnes arrivant en Espagne depuis l’étranger seront soumises à une quarantaine de 14 jours, à partir de vendredi et pendant toute la durée de l’état d’urgence, en vigueur jusqu’au 24 mai, mais qui pourrait être prolongé.

« L’évolution favorable de la situation épidémiologique dans notre pays et le début du déconfinement demandent un renforcement des mesures de contrôle », a expliqué le gouvernement.

Mais, faute de traitement ou de vaccin, que tentent de mettre au point les laboratoires du monde entier, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a rappelé lundi qu’une « extrême vigilance est nécessaire ».  

Le responsable des questions d’urgence sanitaire de l’organisation, Michael Ryan, a regretté que « certains pays », qu’il n’a pas nommés, aient choisi de « fermer les yeux et avancer en aveugle » vers le déconfinement, sans avoir identifié les foyers de contamination ni préparé de capacités hospitalières suffisantes.

« Si la maladie persiste à un faible niveau dans des pays qui n’ont pas la capacité d’étudier les foyers, de les identifier, le risque existe toujours que la maladie reparte », a-t-il prévenu.

Manque de tests

En Chine, la ville de Wuhan, où est apparu le virus en décembre, va entreprendre de tester l’ensemble de ses onze millions d’habitants, ont rapporté mardi des médias, même si cette information n’a pour l’instant pas été officiellement confirmée.  

Dans l’État de New York aux États-Unis, le déconfinement va commencer à compter de vendredi, sauf dans un endroit, la métropole de New York.

La maladie (COVID-19) y fait toujours des ravages. Le quart des quelque 80 000 décès du pays y ont été recensés, et d’après une étude publiée lundi par les Centres américains de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), la surmortalité de mars et avril montre que les chiffres sont vraisemblablement inférieurs de plusieurs milliers à la réalité.

Ce n’est pas spécifique à la plus grande ville américaine : le manque de tests fait que presque partout, les bilans sont incomplets.

Le président Donald Trump, testé tous les jours, commence à se méfier. Limiter les contacts avec son vice-président Mike Pence, dont la porte-parole a été touchée par le virus, « c’est quelque chose dont nous allons probablement parler, durant cette période de quarantaine », a-t-il dit lundi.

Il semblait confirmer ainsi des informations de presse selon lesquelles M. Pence s’est placé à l’isolement.