(Paris) Le déconfinement est à l’ordre du jour dans de plus en plus de pays devant le reflux apparent de la pandémie de coronavirus, même si la prudence reste de mise face à une maladie qui risque de faire encore de nombreux morts en l’absence de traitement.

Au total, 251 512 décès ont été recensés dans le monde depuis décembre, dont 145 612 en Europe, le continent le plus touché, selon les chiffres officiels.

Les États-Unis détiennent le triste record du pays le plus endeuillé avec 68 934 morts et vont probablement atteindre la barre des 100 000 morts dès le mois de juin, selon plusieurs modèles épidémiologiques.

Celui de l’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME), a fortement revu à la hausse lundi sa prévision de décès, de 72 000 à près de 135 000 morts d’ici le 4 août, en raison d’un déconfinement prématuré dans certaines régions du pays.

À la recherche d’un vaccin

Le bilan est aussi orienté à la baisse en Europe, où plusieurs États ont entrepris, avec d’infinies précautions, d’alléger le confinement, afin d’éviter une seconde vague de contamination aux conséquences dramatiques faute de vaccin ou de traitement.

Un vaccin est « notre meilleure chance collective de vaincre le virus », a souligné lundi la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Elle avait organisé en ligne un téléthon planétaire, auquel les États-Unis n’ont pas pris part, qui a permis de lever 7,4 milliards d’euros pour financer la recherche sur un vaccin.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a aussi répété que seule la découverte d’un vaccin ou d’un remède permettra de mettre fin à la pandémie qui a contraint plusieurs milliards de personnes à rester enfermées chez elles pendant plusieurs semaines, qui paralyse l’économie mondiale et a mis au chômage des dizaines de millions de personnes.

Une centaine de projets de vaccins ont été lancés, dont une dizaine en phase d’essais cliniques, selon la London School of Hygiene and Tropical Medicine.

En attendant des résultats, la vie reprend petit à petit à travers le monde.

La Californie, premier État américain à avoir décrété le confinement, va commencer à assouplir certaines mesures à la fin de la semaine, a annoncé lundi le gouverneur démocrate Gavin Newsom, soumis à une pression croissante pour assouplir le confinement et réactiver l’économie de son État, cinquième au monde en termes de produit intérieur brut.

En Europe, les parcs ont rouvert lundi en Italie, des lieux de culte et des musées ont fait de même en Allemagne et des files d’attente se sont formées devant de nombreux salons de coiffure.

« J’avais hâte de pouvoir ressortir, reprendre une vie sociale et me faire tailler la barbe pour ne plus ressembler à un ours », plaisantait Alexis Protopappas, à Athènes.

La Bavière, plus grand État régional d’Allemagne, a elle décidé de rouvrir ses restaurants le 25 mai.

Portugal, Serbie, Belgique, Autriche, Turquie, Israël, Nigeria ou encore Tunisie et Liban ont également pris le chemin d’une plus grande liberté de mouvement.

« Vous avez des inquiétudes ? »

Portant pour la première fois un masque grand public, en tissu noir, le président français Emmanuel Macron a visité mardi une école de Poissy, dans la banlieue parisienne, qui accueille des enfants de soignants, à quelques jours d’une rentrée scolaire très contestée après le début du déconfinement le 11 mai.

« Vous avez des inquiétudes, des choses qui vous font peur ? » a lancé le chef de l’État. « Attraper la COVID-19 », lui a répondu un enfant.  

En Corée du Sud, la saison de baseball a débuté mardi avec cinq matchs à huis clos qui augurent d’une reprise progressive très attendue du sport professionnel dans ce pays.

Des mesures sanitaires drastiques ont été imposées aux joueurs : ils devront porter un masque facial, sauf sur le terrain et sur le banc de touche ; ils devront subir deux contrôles de température avant le match et ils ont interdiction de se serrer la main. Tout crachat est prohibé.

Cependant, le déconfinement n’est pas à l’ordre du jour partout : l’ouverture des commerces à Montréal a été repoussée d’une semaine.  

L’Inde rapatrie ses citoyens

L’Inde préparait elle une importante opération de rapatriement de ses ressortissants avec des navires militaires et des vols spéciaux, qui doit débuter jeudi.

Des centaines de milliers d’Indiens sont bloqués à l’étranger, en particulier dans les Émirats arabes unis, à cause des restrictions mondiales de voyages.

Sur le plan économique, les mauvais chiffres continuent de s’accumuler.  

Le gouvernement australien a annoncé mardi que son économie perdait chaque semaine quatre milliards de dollars australiens (2,3 milliards d’euros).

Le géant français des hydrocarbures Total a de son côté annoncé que son bénéfice s’était effondré de 99 % au premier trimestre, à 34 millions de dollars, contre 3,1 milliards un an plus tôt, en raison de la chute des prix du pétrole.  

Pour venir en aide à un secteur touristique dévasté, un « plan Marshall pour le tourisme » devra être déployé à l’aide de subventions et non de prêts, a déclaré mardi le commissaire européen chargé du Marché intérieur Thierry Breton.

Il a annoncé que les institutions européennes travaillaient sur des « règles finalisées et harmonisées au niveau européen » pour permettre la réouveture des restaurants, bars, hôtels ou lieux de spectacle. « Il faut aussi que le touriste sache qu’il sera accueilli selon des normes qui le protègent et protègent aussi les autres ».

Un secteur qui se porte en revanche bien un peu partout dans le monde, et en particulier en Belgique : celui des machines à coudre.

Olivier Bruynincx, qui gère une PME spécialisée dans les petites machines et accessoires de couture à Bruxelles, raconte crouler sous la demande des particuliers qui confectionnent des masques pour lutter contre le coronavirus. Au point de travailler « sept jours sur sept, quasiment jour et nuit pour réparer les machines à coudre ».