(Washington) Donald Trump a affirmé mercredi qu’il signerait dans la journée un décret limitant temporairement l’immigration afin de protéger les emplois américains, en pleine crise du coronavirus, dont certains craignent de plus en plus une seconde vague en cas de levée trop rapide des restrictions.

« Je signerai aujourd’hui le décret interdisant l’immigration dans notre pays », a tweeté le président américain, inquiet de l’inscription au chômage de 22 millions de personnes en quelques semaines.

Cependant, la suspension, d’une durée initiale de 60 jours, ne s’appliquera pas aux visas de travail temporaires mais aux seules cartes vertes qui offrent le statut de résident permanent.

Alors que Donald Trump ne cache pas son impatience de redémarrer la machine économique américaine, encouragant même les manifestants contre le confinement décrété dans plusieurs États du pays, un haut responsable de la santé a mis en garde contre une deuxième vague épidémique de nouveau coronavirus aux États-Unis, qui ont enregistré 44 845 décès selon le dernier bilan disponible.

« Il existe une possibilité pour que l’assaut du virus contre notre pays l’hiver prochain soit en fait encore plus difficile que celui que nous venons de vivre », car il va coïncider avec l’épidémie de grippe, a déclaré Robert Redfield, directeur des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) cité dans le Washington Post.

En Europe, où le déconfinement est d’actualité dans plusieurs pays, l’inquiétude est aussi de mise face à la possibilité d’une deuxième vague de contamination, en l’absence d’un vaccin ou de traitement contre la maladie qui a déjà fait plus de 177 000 morts dont 110 192 rien que sur le Vieux Continent. L’Italie (24 648 morts) et l’Espagne (21 717) sont les pays en Europe les plus atteints, suivis de la France (20 796) et du Royaume-Uni (17 337).

« Aller trop vite serait une erreur », a estimé mardi la chancelière allemande Angela Merkel, dont le pays a décidé entre autres de rouvrir certaines grandes surfaces.

Dans le même temps, Berlin et dix des 16 États fédérés allemands ont décidé d’imposer le port du masque dans les transports publics. Bars, restaurants, lieux culturels, terrains de sports y demeurent fermés. Écoles et lycées rouvriront progressivement.

« Reprise progressive »

Outre l’Allemagne, l’Autriche, la Norvège ou le Danemark sont engagés sur la voie de l’assouplissement de leurs mesures de confinement, tout en conservant des mesures de « distanciation sociale ».

L’Italie et la France préparent aussi leur déconfinement, respectivement à compter des 3 et 11 mai, qui sera lent et entouré de précautions.

Le constructeur automobile Renault a commencé à relancer sa production en France, qui avait été interrompue le 16 mars.

« La reprise va se faire de manière extrêmement progressive, avec des effectifs limités, qui vont augmenter progressivement » afin de pouvoir vérifier la bonne application du protocole sanitaire, a expliqué le directeur des ressources humaines, Tristan Lormeau.

En Europe, comme aux États-Unis, la tentation est en effet grande de relancer certaines activités économiques, face à la menace d’une récession record et d’une explosion du chômage à travers la planète.

Mardi, l’Organisation internationale du travail (OIT) avait souligné que « la crise de la COVID-19 a un effet dévastateur sur les travailleurs et les employeurs » et mis en garde contre « la pire crise internationale depuis la Seconde Guerre mondiale ».

La pandémie pourrait « presque doubler le taux de chômage européen dans les prochains mois », estime le cabinet de conseil américain McKinsey.  

La France a annoncé mercredi que plus de 10 millions de salariés, soit plus d’un salarié du secteur privé sur deux, étaient concernés par le chômage partiel. « C’est considérable, on n’a jamais fait ça dans notre pays », a souligné la ministre du Travail Muriel Pénicaud.

Dans les pays déjà fragiles, c’est la sécurité alimentaire qui est en jeu.  

« Le nombre de personnes souffrant sévèrement de la faim pourrait doubler en raison de la pandémie de COVID-19, atteignant alors plus de 250 millions d’ici la fin de 2020 », a averti le Programme alimentaire mondial (PAM), une agence de l’ONU, évoquant le risque d’une « catastrophe humanitaire mondiale ».

Les autorités de Singapour ont elles annoncé sa prolongation jusqu’à début juin, après un bond du nombre de cas.

Au Japon, où huit bébés et jeunes enfants pensionnaires d’un centre d’accueil à Tokyo ont été testés positifs à la COVID-19, visiblement contaminés par un des encadrants, l’État d’urgence est en place jusqu’au 6 mai.

Dans ce contexte, l’Allemagne a annoncé de premiers essais cliniques d’un vaccin qui vont être lancés par la société BioNTech, en lien avec le laboratoire américain Pfizer.

L’Institut Paul Ehrlich a précisé qu’il s’agissait « seulement du quatrième essai sur l’homme » dans le monde d’un vaccin contre le virus.

De nouveaux cas en Chine

L’État du Missouri (centre), qui déplore 177 morts du coronavirus et des milliards de dollars de pertes, a décidé de porter plainte contre la Chine, accusant Pékin d’avoir dissimulé la gravité de l’épidémie de coronavirus et causé ainsi des « dommages », économiques et humains, « irréparables ».

La plainte au civil, déposée par le procureur de l’État Eric Schmitt, vise le gouvernement, le parti communiste chinois ainsi que d’autres responsables et institutions du pays. Elle les accuse notamment d’avoir « caché des informations cruciales » au tout début de l’épidémie.  

Pour leur défense, les chercheurs chinois affirment qu’ils n’ont pu déterminer que courant janvier, étude scientifique à l’appui, que le virus pouvait se transmettre au sein de l’espèce humaine.

La Chine a annoncé avoir enrayé la propagation du nouveau coronavirus. Mais deux semaines après le déconfinement de la ville de Wuhan (centre), berceau de la COVID-19, elle craint une deuxième vague épidémique provoquée par les personnes en provenance de l’étranger.

Les autorités de la métropole de Harbin, proche de la Russie, ont renforcé mercredi les mesures de restriction contre le nouveau coronavirus après l’apparition de nouveaux foyers de contamination, principalement le fait de Chinois de retour au pays depuis la Russie voisine.

Par contraste, en Nouvelle-Calédonie, le lycée Lapérouse, plus grand lycée de Nouméa avec 1780 élèves, a rouvert ses portes mercredi, après la décision des autorités de cet archipel de 270 000 habitants, territoire français dans l’océan Pacifique, de lever progressivement le confinement, compte tenu du faible impact du coronavirus.