(Genève) La pandémie de coronavirus « s’accélère » mais sa trajectoire peut être modifiée, a estimé lundi l’Organisation mondiale de la santé, appelant les pays à passer à l’« attaque » en testant tous les cas et en plaçant en quarantaine leurs proches contacts.

« Plus de 300 000 cas de COVID-19 ont été signalés à ce jour. C’est déchirant. La pandémie s’accélère », mais « nous pouvons changer [sa] trajectoire », a déclaré le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, au cours d’une conférence de presse virtuelle depuis Genève.

Il a fallu 67 jours pour atteindre les 100 000, 11 jours pour atteindre les 200 000 et seulement quatre jours pour atteindre les 300 000 cas, a-t-il détaillé.

« Mais ce qui importe le plus, c’est ce que nous faisons. On ne peut pas gagner un match de soccer uniquement en défendant. Il faut aussi attaquer », a souligné le patron de l’OMS.

« Demander aux gens de rester chez eux et [établir] d’autres mesures de distanciation physique sont un moyen important de ralentir la progression du virus et de gagner du temps, mais ce sont des mesures de défense qui ne nous aideront pas à gagner », a-t-il souligné.

« Il faut tester chaque cas suspect, isoler et soigner chaque cas confirmé et suivre et mettre en quarantaine chaque contact étroit », a-t-il dit.

Le directeur exécutif du Programme pour les urgences de l’OMS, Michael Ryan, a appelé pour sa part les pays à profiter de la nouvelle « fenêtre de tir », qui s’est ouverte grâce aux mesures de distanciation physique et de confinement, notamment en dépistant tous les cas suspects.

Le chef de l’OMS a toutefois reconnu que certains pays étaient confrontés à une pénurie de moyens et a invité la communauté internationale à accroître les capacités.

« Faux espoirs »

Tedros Adhanom Ghebreyesus a par ailleurs condamné l’administration de médicaments aux patients infectés par le nouveau coronavirus avant que la communauté scientifique se soit accordée sur leur efficacité.

« Des études réduites et non randomisées, réalisées à partir d’observations, ne nous apporteront pas les réponses dont nous avons besoin », a averti M. Tedros.

« Administrer des médicaments non testés, sans la preuve suffisante, pourrait susciter de faux espoirs et même faire plus de mal que de bien en entraînant des pénuries de médicaments essentiels pour traiter d’autres maladies », a-t-il rappelé, sans toutefois mentionner de médicaments.

Cet avertissement intervient alors que ces derniers jours certains, dont le président américain Donald Trump, ont fondé beaucoup d’espoir sur la chloroquine, un antipaludéen.

En France également, plusieurs élus ont fait monter la pression pour généraliser rapidement l’utilisation de la chloroquine pour traiter le coronavirus, même si son efficacité est toujours en cours d’évaluation scientifique.

Plus de 15 100 personnes sont mortes du nouveau coronavirus et plus de 341 300 cas d’infection ont été officiellement diagnostiqués dans 174 pays et territoires depuis le début de l’épidémie, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles. Un grand nombre de pays ne testent toutefois plus que les cas nécessitant une prise en charge hospitalière.

La FIFA et l’OMS ont lancé lundi une campagne de sensibilisation menée par des footballeurs de renommée mondiale, tels que Lionel Messi, Gianluigi Buffon et Samuel Eto’o.

Si le soccer a été mis à l’arrêt dans plusieurs pays, l’incertitude règne quant à la tenue des Jeux olympiques de Tokyo cet été. Interrogé à ce sujet, le chef de l’OMS a indiqué avoir « confiance dans le fait que le gouvernement japonais et le CIO n’iront pas de l’avant en cas de danger pour les athlètes ou les spectateurs ».