L’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui s’inquiète notamment de l’évolution de la situation en Corée du Sud et en Iran, appelle la communauté internationale à redoubler d’efforts pour endiguer la propagation du coronavirus.

Son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a prévenu vendredi que la « fenêtre d’opportunité » existante pour limiter l’épidémie « rétrécissait ».

« Il faut agir rapidement avant qu’elle ne se ferme complètement », a-t-il souligné vendredi au cours d’une conférence de presse tenue à Genève.

Le représentant de l’OMS a souligné notamment qu’il travaillait avec les autorités sud-coréennes pour tenter de comprendre les « dynamiques de transmission » expliquant l’augmentation rapide de cas depuis une semaine dans cet État asiatique.

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Un travailleur désinfecte une station de métro de Séoul

Le premier ministre du pays, Chung Sye-kyun, a indiqué que les autorités sanitaires étaient entrées dans une « phase d’urgence » pour freiner la propagation du virus et ciblaient particulièrement la ville de Daegu, où 150 cas ont été signalés en quelques jours.

La plupart seraient liés à une femme d’une soixantaine d’années qui a côtoyé des centaines de personnes lors de cérémonies religieuses associées à une secte de la région avant d’être testée positivement pour le coronavirus.

Selon les plus récentes données colligées par l’Université Johns Hopkins, la Corée du Sud est maintenant le principal foyer de propagation hors de Chine si l’on exclut le navire de croisière Diamond Princess, où plus de 600 cas ont été relevés.

Le Dr Gaston De Serres, médecin épidémiologiste rattaché à l’Institut national de santé publique du Québec, estime que la situation dans le pays est « inquiétante ».

En Chine, de gros efforts sont faits pour contrôler l’épidémie. Mais si on échappe le virus dans un autre pays, tout est à recommencer.

Le Dr Gaston De Serres, médecin épidémiologiste rattaché à l’Institut national de santé publique du Québec

L’Iran, qui a annoncé une vingtaine de cas d’infection au cours des derniers jours ainsi que quatre morts, est aussi préoccupant, dit-il.

« Le fait qu’il y ait quatre morts suggère que le nombre réel de cas d’infection est sensiblement plus élevé », souligne le Dr De Serres.

Une porte-parole du gouvernement iranien citée par l’agence IRNA a indiqué que les premiers cas, signalés mercredi, avaient été recensés dans la ville religieuse de Qom et étaient probablement imputables à des travailleurs chinois récemment revenus de Chine.

PHOTO ATTA KENARE, AGENCE FRANCE-PRESSE

Les habitants de Téhéran se protègent du coronavirus après l’apparition de cas dans la capitale.

Elle a précisé que le coronavirus s’était propagé à de nombreuses villes, dont la capitale, Téhéran.

La crise là-bas a eu un effet jusqu’au Canada puisque la Colombie-Britannique avait indiqué qu’une femme dans la trentaine récemment rentrée d’Iran était porteuse du virus, devenant le neuvième cas d’infection recensé au pays.

Bien que l’OMS ait exprimé vendredi sa préoccupation relativement à la propagation internationale du virus, le cœur de la crise demeure la Chine, où ont été enregistrés la vaste majorité des 76 000 cas recensés à ce jour.

Les autorités de la province du Hubei, considérée comme l’épicentre de la crise, ont de nouveau modifié au cours des derniers jours la manière dont ils colligeaient les cas d’infection, alimentant une certaine confusion sur l’évolution de la situation.

Après avoir accepté que des cas diagnostiqués cliniquement sur la base d’examens pulmonaires puissent être reconnus, ils sont revenus à la pratique antérieure, voulant que seuls les cas confirmés avec un test de laboratoire puissent être colligés. Des cas ont été retirés de la liste officielle, ce qui a fait fluctuer le total de manière marquée.

Un haut responsable chinois cité par le South China Morning Post a souligné que les « ajustements en matière de données » avaient soulevé des interrogations relativement à leur fiabilité dans la population et devaient être évités.

Sylvie Brion, de l’OMS, a indiqué que l’important était « que l’on puisse comprendre comment les chiffres sont obtenus, ce qu’ils incluent », de manière que des décisions éclairées puissent être prises en matière de santé publique.

En marge de ces discussions, de nombreux États, dont le Canada, ont continué vendredi de rapatrier des ressortissants frappés par la crise.

Le gouvernement fédéral a annoncé notamment que 129 Canadiens ayant séjourné à bord du Diamond Princess étaient arrivés par avion à la base militaire de Trenton, en Ontario, avant d’être transférés dans un établissement fédéral à Cornwall pour subir une quarantaine de 14 jours.

La Dre Theresa Tam, administratrice en chef de la santé publique du Canada, a précisé qu’aucun des passagers ne présentait de symptômes.

Elle a annoncé par ailleurs qu’un premier groupe de Canadiens qui avaient été évacués de la ville chinoise de Wuhan, il y a deux semaines, avaient terminé leur quarantaine et se préparaient vendredi à rentrer chez eux.

« Ils ne représentent aucun risque sanitaire pour la population », a-t-elle souligné.