(Washington) La Chine a exigé que les États-Unis stoppent leurs « paroles et actes erronés », tandis que Washington dénonçait les activités « déstabilisantes » de Pékin près de Taïwan, lors d’un long entretien téléphonique jeudi des ministre chinois de la Défense et son homologue américain.

Le ministre chinois de la Défense, le général « Wei Fenghe, a exigé des États-Unis qu’ils mettent un terme à leurs paroles et actes erronés », a indiqué l’agence Chine nouvelle, lors d’une des rares conversations directes entre hauts responsables des deux pays.

Le chef du Pentagone, Mark Esper, s’est lui inquiété des activités déstabilisantes de la Chine aux environs de Taïwan, en mer de Chine méridionale, a indiqué un porte-parole du Pentagone, Jonathan Hoffman, précisant que l’entretien avait duré une heure et demie.

Pékin et Washington sont à couteaux tirés sur de nombreux sujets, notamment la visite prochaine et historique à Taïwan d’un secrétaire américain.

Les États-Unis enverront à Taipei le secrétaire à la Santé, Alex Azar. Il sera à la tête de la délégation la plus éminente depuis 1979, date à laquelle les Américains avaient coupé les relations diplomatiques avec l’île afin de reconnaître la République populaire de Chine basée à Pékin.

Cette visite est considérée comme une provocation par le gouvernement communiste, qui considère Taïwan comme une partie du territoire chinois et s’oppose à tout lien officiel entre les autorités de l’île et des pays étrangers.

Les tensions bilatérales sont également vives autour de la mer de Chine méridionale. Les îles de cette vaste zone maritime sont revendiquées presque intégralement par Pékin.

 « Initiatives dangereuses » 

Les États-Unis contestent ces prétentions jugées excessives par rapport aux autres pays (Vietnam, Philippines, Malaisie, Bruneï) et font régulièrement croiser des navires de guerre ou des porte-avions dans la région, au nom de la » liberté de navigation « .

Le ministre américain de la Défense a souligné « l’importance pour la Chine de respecter les lois, règles et normes internationales et de remplir ses engagements », a ajouté M. Hoffman au cours d’une conférence de presse.

M. Esper, qui a annoncé son intention d’effectuer une visite en Chine d’ici la fin de l’année, a aussi rappelé la nécessité de « relations de défense constructives, stables et productives entre les États-Unis et la Chine », a poursuivi le porte-parole.

Aucune date n’a encore été fixée pour ce déplacement, qui serait le premier depuis la visite de Jim Mattis à Pékin en juin 2018.

Selon Chine Nouvelle, Wei Fenghe a également sommé Washington » de renforcer sa gestion des risques en mer, de s’abstenir de prendre des initiatives dangereuses qui pourraient provoquer une escalade, et de maintenir la paix et la stabilité régionales « .

Plus tôt jeudi, Wang Wenbin, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, avait promis lors d’un point presse régulier des » représailles fermes et vigoureuses « à la visite du ministre américain de la Santé à Taïwan.

Ce différend s’ajoute à la longue liste des sujets de friction entre la Chine et les États-Unis ces derniers mois : gestion de la COVID-19, Huawei, traitement des musulmans ouïghours, application TikTok, loi sur la sécurité nationale à Hong Kong.