(Reykjavik) L’Islande veut préserver l’Arctique de la montée des tensions au niveau mondial entre les États-Unis et la Chine, a affirmé jeudi la première ministre islandaise dans un entretien avec l’AFP.

« De façon générale, nous avons évidemment observé une montée des tensions » entre les deux pays, « et sur l’Arctique spécifiquement nous avons observé un intérêt très croissant tant des États-Unis que de la Chine. C’est quelque chose que nous avons ressenti très clairement ici en Islande, et en fait dans toute la région », a déclaré Katrín Jakobsdóttir, la cheffe du gouvernement islandais, au cours de cette interview à Reykjavik.

À l’occasion d’une visite au Danemark la semaine dernière, un an après l’imbroglio sur l’offre d’achat du Groenland par le président américain Donald Trump, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo avait mis en exergue « la naïveté » des Occidentaux dans l’Arctique face à la « nouvelle compétition » avec les Russes et les Chinois dans le secteur.

« J’ai été très vigilante pour que l’Arctique reste une zone de très faible tension et pour éviter les activités militaires autour de l’Arctique », a souligné Mme Jakobsdottir.

« Nous avons réussi à garder l’Arctique comme une zone de faible tension, et je crois que c’est important pour nous qui vivons ici, mais aussi pour l’environnement. Donc c’est le but du gouvernement islandais : garder une politique de faible tension », a insisté Mme Jakobsdottir, élue d’un parti de gauche écologiste et antimilitariste.

L’Islande doit accueillir en mai 2021 une réunion des ministres du Conseil de l’Arctique, qui réunit les États-Unis, la Russie et les autres pays riverains du Grand Nord. Plusieurs pays européens, mais aussi la Chine et l’Inde, sont membres observateurs de ce forum régional.

La Chine, membre observateur depuis 2013, se considère comme une puissance « proche de l’Arctique » et veut mettre en place des « routes de la soie polaires ».

L’Islande est membre de l’OTAN, mais ce pays volcanique de 365 000 habitants, perdu au milieu de l’Atlantique Nord, est le seul de l’alliance à ne pas avoir d’armée. La sécurité maritime est assurée par une unité de garde-côtes.

Les États-Unis disposaient pendant toute la Guerre froide d’une base aérienne à Keflavik, près de Reykjavik, mais s’en sont désengagés en 2006, avant la remontée des tensions avec la Russie ces dernières années.

« Nous avons un contact très proche évidemment avec les Américains, mais nous sentons cette tension. Et c’est pour cela que nous sommes les avocats d’une baisse des tensions », a encore affirmé la première ministre.