(Rio de Janeiro) L’Amérique latine souffre toujours de l’épidémie de coronavirus, Brésil en tête qui a franchi un nouveau record de morts mercredi, à l’opposé de l’Europe où les frontières se rouvrent, comme en Autriche jeudi, en pleine polémique sur l’hydroxychloroquine.
Le Brésil a enregistré 1349 morts du coronavirus en 24 heures, un nouveau record pour ce pays, le plus touché en Amérique latine. Un couvre-feu a également été imposé à partir de mercredi dans une vingtaine de localités de l’État de Bahia, dans le Nord-est du Brésil, pour tenter de contenir l’expansion galopante de la pandémie de coronavirus.
« Si nous n’agissons pas, nous risquons d’assister à une explosion de la demande de lits en soins intensifs et nous ne pourrons pas y répondre », a prévenu le gouverneur de l’État de Bahia, Rui Costa.
Le Brésil, nouvel épicentre de la pandémie de COVID-19, compte désormais 32 548 morts et rien ne semble pouvoir arrêter la progression du nouveau coronavirus dans ce pays.
Les chiffres, que la communauté scientifique juge grossièrement sous-évalués, situent le géant latino-américain à la quatrième place mondiale pour les morts, derrière les États-Unis — qui restent de loin le pays le plus durement frappé avec 107 000 morts — le Royaume-Uni (39 728) et l’Italie (33 530).
Le Brésil, dont le président Jair Bolsonaro appelle régulièrement à la levée des restrictions pour préserver l’économie et l’emploi, représente plus de la moitié des cas de contamination et des morts de la COVID-19 en Amérique latine.
Mexique : 1000 morts par jour
Le Mexique a de son côté franchi mercredi la barre des 1000 morts en 24 heures, pour la première fois depuis le début de l’épidémie. Le bilan total y dépasse les 11 000 décès.
Au total, la pandémie de COVID-19 a tué plus de 382 000 personnes sur la planète depuis son apparition en décembre en Chine, selon un bilan établi mercredi par l’AFP à partir de sources officielles.
Au Chili, autre pays d’Amérique du Sud frappé de plein fouet par l’épidémie, les autorités ont décidé de prolonger pour une quatrième semaine le confinement à Santiago. En revanche, l’Équateur va assouplir les restrictions drastiques prises à Quito pour tenter d’enrayer la progression du virus.
Le couvre-feu a été réduit mercredi à huit heures par jour, tandis que les restaurants et les centres commerciaux ont pu rouvrir.
En Europe également, la vie reprend peu à peu ses droits. L’Autriche rouvre jeudi ses frontières, à l’exception de celle avec l’Italie. L’Allemagne et la Belgique prévoient de faire de même le 15 juin. Les Pays-Bas ont de leur côté annoncé l’assouplissement des mises en garde sur les voyages dans plusieurs pays européens à partir du 15 juin également.
« Benvenuti »
L’Italie, où le secteur touristique est vital, a devancé tout le monde en rouvrant ses frontières aux touristes dès mercredi. « Benvenuti in Italia », le message était clair : « il y a de l’enthousiasme dans l’air », s’est exclamé le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte.
À Rome, au pied de la Fontaine de Trévi, un couple de jeunes mariés profitait mercredi du peu d’affluence pour prendre la pose. « Il faut savourer ces moments », dit le mari : « à Rome, c’est rare ! ».
Quatre pays européens, la France, l’Allemagne, l’Italie et les Pays-Bas ont également décidé de conjuguer leurs efforts pour trouver un vaccin au moment où la polémique sur les vertus thérapeutiques de l’hydroxychloroquine a une nouvelle fois rebondi.
Prendre ce médicament, peu de temps après avoir été exposé à la COVID-19 ne permet a priori pas de prévenir une infection, affirment des chercheurs aux États-Unis à la suite d’un essai clinique.
De quoi relancer un débat, ouvert quasiment depuis le début de l’épidémie sur les vertus de ce médicament dérivé d’un antipaludique. À la suite d’un mea culpa de la revue The Lancet, qui a publié une étude très critique sur l’hydroxychloroquine, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) avait ainsi annoncé mercredi la reprise des essais cliniques sur ce médicament.