(Bruxelles) L’Union européenne a appelé samedi Washington à reconsidérer sa décision de rompre avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS), appelant à la solidarité face au coronavirus qui poursuit sa marche macabre même si le déconfinement se poursuit, surtout en Europe.

« La coopération et la solidarité mondiales par le biais d’efforts multilatéraux sont les seuls moyens efficaces et viables de gagner cette bataille à laquelle le monde est confronté », ont déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell.

Vendredi, le président américain Donald Trump, qui avait déjà suspendu la contribution financière accordée par son pays à l’OMS, a mis à exécution sa menace de rompre avec l’agence onusienne, qu’il accuse depuis le début de la pandémie de complaisance avec la Chine, où le coronavirus est apparu en décembre avant de se répandre à travers la planète.

Les États-Unis, traditionnellement les premiers bailleurs de fonds de l’OMS, vont « rediriger ces fonds vers d’autres besoins de santé publique urgents et mondiaux qui le méritent », a-t-il déclaré.

« Symbole de la liberté retrouvée »

Avec l’amélioration de la situation sanitaire en Europe, les gouvernements continuent d’y lever les restrictions imposées à leurs populations.

L’Italie a rouvert au public samedi la Tour de Pise, et la capitale ukrainienne Kiev a fait redémarrer ses centres commerciaux et hôtels.

En France, la population a pu renouer avec ses parcs et jardins après plus deux mois de fermeture.

« Rouvrir les parcs […], c’est vraiment le symbole de la liberté retrouvée », savoure Cécile Roperh, 54 ans, en promenant son chien dans le parc parisien des Buttes-Chaumont.

L’heure de la réouverture a sonné également pour le grand magasin parisien des Galeries Lafayette devant lesquelles une queue de plusieurs dizaines de personnes s’était formée en matinée.

À Vienne, le public était au rendez-vous vendredi soir lors de la réouverture d’un de ses plus vieux cinémas, l’Admiral Kino, l’un des premiers d’Autriche à reprendre les projections, dans la limite de 100 spectateurs.

Le gouvernement autrichien a également donné son feu vert à l’organisation d’un Grand Prix de Formule 1 à Spielberg (centre) les 5 et 12 juillet.

Le gouvernement britannique a lui autorisé le retour à huis clos des compétitions sportives à partir du 1er juin tandis qu’en Espagne, les clubs du championnat de football ont été autorisés à reprendre l’entraînement collectif « total » à partir de lundi, dernière étape avant le retour à la compétition le 11 juin.

Madrid pourrait aussi autoriser le retour des touristes allemands, français ou scandinaves dès la deuxième quinzaine du mois de juin dans le cadre d’un projet « pilote » dans les archipels des Baléares et des Canaries, selon le ministère du Tourisme. La semaine dernière, le gouvernement avait annoncé que l’Espagne rouvrirait ses frontières aux touristes étrangers « à partir du mois de juillet ».

En revanche, l’inquiétude est de mise en Macédoine du Nord où le président Stevo Pendarovski a prolongé samedi de deux semaines l’état d’urgence après une augmentation du nombre de morts et de nouveaux cas en trois jours.

Merkel refuse d’aller à Washington

En Asie, l’Inde a annoncé samedi un assouplissement du confinement : à partir du 8 juin, édifices religieux, hôtels, restaurants et centres commerciaux pourront rouvrir, en dépit d’un nouveau record quotidien de contaminations dans ce pays qui compte 175 000 (bien 175 000) cas dont 5000 mortels.

La situation s’aggrave aussi au Brésil, qui avec 27 878 décès est devenu le cinquième pays le plus endeuillé au monde, derrière les États-Unis (102 836), le Royaume-Uni (38 161), l’Italie (33 229), la France (28 714), et devant l’Espagne (27 121)

Des scientifiques estiment toutefois que les chiffres réels brésiliens sont vraisemblablement bien pires.

La pandémie a fait au moins 364 362 morts dans le monde depuis son apparition, selon le dernier bilan établi samedi par l’AFP à partir de sources officielles. Près de six millions de cas ont été diagnostiqués dans 196 pays et territoires.

Face au risque de contamination, la chancelière allemande Angela Merkel refuse de se rendre en personne à un sommet du G7 aux États-Unis en juin, comme l’a proposé Donald Trump.

« À ce jour, compte tenu de la situation générale de la pandémie, elle ne peut accepter une participation en personne, un voyage à Washington », a déclaré un porte-parole samedi.

Le président américain souhaitait faire de cette réunion en chair et en os un symbole de normalisation, alors que la pandémie continue de plonger l’économie mondiale dans la crise.

Aux États-Unis, en Californie, cinquième économie mondiale devant le Royaume-Uni et la France, le chômage, quasi inexistant avant la pandémie, frappe 24 % des 40 millions d’habitants.  

Résultats encourageants

Le produit intérieur brut (PIB) de l’Italie a chuté de 5,3 % au premier trimestre par rapport au précédent, de même que celui de la France, qui entre en récession.  

L’économie canadienne s’est contractée de 8,2 % en rythme annuel au premier trimestre, la chute la plus brutale depuis début 2009.

En Inde, le PIB a connu au 1er trimestre sa croissance la plus faible depuis 20 ans, tandis que celui du Brésil s’est contractée de 1,5 % par rapport au trimestre précédent.

En Espagne, la crise a aggravé la pauvreté et fait exploser la demande d’aide alimentaire, poussant le gouvernement à approuver vendredi la création d’un revenu minimum vital.

Sur le front médical, un médicament, l’anakinra, initialement destiné à des maladies rhumatismales, donne des résultats « encourageants » pour les formes graves de la COVID-19 en réduisant le risque de décès et le besoin d’être mis sous respirateur en réanimation, selon une étude française.

La chloroquine continue d’alimenter la polémique : des dizaines de scientifiques ont publié une lettre ouverte exprimant leurs « inquiétudes » sur les méthodes de la vaste étude parue le 22 mai dans le Lancet, ayant conduit à la suspension d’essais cliniques sur l’hydroxychloroquine.

L’étude du Lancet concluait que le traitement ne semble pas être bénéfique aux malades de la COVID-19 et pourrait même être néfaste.