(Genève) L’OMS a exhorté le monde mercredi à investir sans attendre dans la santé et la prévention pour se préparer à l’émergence de futures pandémies, au lieu de courir après les financements comme c’est le cas actuellement face au nouveau coronavirus.

« Alors que nous nous efforçons de répondre à la pandémie de COVID-19, nous devons aussi redoubler d’efforts pour préparer la prochaine », a estimé le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d’une conférence de presse virtuelle.

« Nous ne pouvons pas continuer à rechercher des fonds dans la panique », a-t-il ajouté depuis Genève, alors que l’OMS, les ONG et les États multiplient les initiatives pour lever les fonds nécessaires à la recherche, au développement, à la production et à la distribution d’un vaccin, de traitements et de tests pour juguler la pandémie.

À cette fin, un téléthon mondial organisé lundi à Bruxelles par la Commission européenne, avec la participation de la Russie et de l’Inde mais sans les États-Unis, a permis de réunir 7,4 milliards de dollars.

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a toutefois estimé qu’il faudrait « cinq fois ce montant » pour développer et distribuer le vaccin.

Le monde dépense chaque année 7000 milliards de dollars dans la santé, soit près de 10 % du PIB mondial, et pourtant plus de cinq milliards de personnes n’auront pas accès aux services de santé de base en 2030, à savoir notamment l’accès à des soignants, aux médicaments essentiels et à l’eau courante dans les hôpitaux, selon M. Tedros.

« Non seulement ces écarts nuisent à la santé des personnes, des familles et des communautés mais ils mettent aussi en péril la sécurité mondiale et le développement économique », a-t-il averti, en insistant sur la construction indispensable d’une solide infrastructure de soins primaires, au plus près des populations.

« Prévenir n’est pas simplement mieux que guérir, c’est aussi moins cher », a-t-il dit.

La pandémie de COVID-19, qui a fait plus de 250 000 morts dans le monde depuis son apparition officielle fin décembre en Chine, « a mis en lumière l’importance de bâtir de robustes systèmes de santé nationaux et locaux comme fondation à la sécurité sanitaire mondiale et à la couverture médicale universelle », selon le patron de l’agence sanitaire de l’ONU.

« Si nous avons appris quelque chose de la COVID-19, c’est qu’investir dans la santé aujourd’hui sauvera des vies demain. L’Histoire nous jugera non seulement sur notre capacité à surmonter cette pandémie, mais aussi sur les leçons apprises et les actions que nous aurons entreprises », a-t-il averti.

Si la pandémie recule en Europe de l’ouest, elle continue de progresser dans de nombreuses régions du monde, en particulier là où le système de santé est le plus défaillant, voire inexistant, a rappelé M. Tedros, citant en particulier l’Afrique, l’Asie du Sud-Est et la Méditerranée orientale.