(Paris) Les tests actuels de diagnostic de la COVID-19 passent à côté de trois malades sur dix selon les estimations, une marge d’erreur qui n’est pas liée à leur fiabilité, mais s’explique souvent par un mauvais prélèvement.

C’est ce qu’on appelle un « faux négatif » : un patient contaminé dont l’infection n’est pas décelée par le test. Avec comme conséquence de ne pas isoler une personne pourtant contagieuse.

Quelques cas spectaculaires ont récemment marqué les esprits. En France, l’adolescente de 16 ans morte fin mars après avoir été infectée par le coronavirus avait eu un test négatif à deux reprises, avant d’être finalement déclarée positive.

« Ces faux négatifs arrivent jusqu’à 30 % du temps », indique le Dr James Gill, professeur honoraire à la Warwick Medical School de Coventry (Angleterre).

« Sur 100 patients que vous testez, il y en a 30 à côté desquels vous passez », renchérit François Blanchecotte, président du Syndicat français des biologistes.

Ce n’est pas le test lui-même qui est en cause, mais la façon dont le prélèvement est réalisé. La sensibilité du test est de « 98 % quand on prélève correctement », souligne ainsi le Dr Blanchecotte.

La technique utilisée, dite RT-PCR, est une méthode d’amplification du matériel génétique du virus.

Pour cela, on doit aller chercher le virus dans les sécrétions du malade. Le prélèvement est effectué en introduisant profondément un écouvillon (long coton-tige) dans son nez. C’est à ce stade qu’une mauvaise manipulation peut avoir lieu.

« Il faut que l’écouvillon soit enfoncé assez loin, pas juste à l’entrée du nez », souligne le Dr Andrew Preston, de l’université de Bath (Angleterre).  

En effet, le virus n’est pas présent partout : pour être sûr d’en prélever, il ne faut pas s’arrêter aux narines, mais traverser les fosses nasales et aller buter jusqu’à la partie supérieure du pharynx. Une manipulation désagréable pour celui qui la subit, mais qui est paradoxalement gage de succès.

« Si le virus n’est pas présent sur l’écouvillon, le résultat sera négatif », insiste le Dr Preston.

Dans certains pays, on prélève non pas par le nez, mais par la bouche. « Là encore, il faut aller jusqu’à l’arrière de la gorge, pas uniquement l’intérieur des joues », selon le Dr Preston.

Ces impératifs techniques amènent certains experts à être méfiants envers les tests réalisés en service à l'auto, avec le patient qui reste dans sa voiture.

L’autre facteur d’erreur est le moment où le prélèvement est réalisé.

« La quantité de virus peut varier selon le patient et le stade de l’infection », explique le Dr Al Edwards, de l’université de Reading (Angleterre).

« Même avec une technique parfaite, un malade infecté peut ne pas être testé positif, par exemple très tôt pendant la phase d’incubation ou tout à la fin de la maladie, quand la plupart du virus est parti », conclut-il.