Le bilan de l’épidémie de coronavirus a franchi la barre des 1000 morts en Chine, moins de 24 heures après que le président Xi Jinping a appelé à l’adoption de mesures « plus fortes » contre la maladie.

Le nombre de victimes chinoises est officiellement monté à 1016 après l’annonce de 108 nouveaux décès, principalement dans la province du Hubei, épicentre de l’épidémie, ont indiqué les autorités mardi au petit matin.

Depuis que le virus est apparu en décembre à Wuhan, plus de 42 200 personnes ont été contaminées.

Lundi, le président chinois Xi Jinping, le visage recouvert d’un masque de protection, avait pressé les autorités sanitaires locales d’adopter des mesures « décisives » pour contenir le virus.

Pendant ce temps en Occident, plusieurs pays rivalisent de prudence pour tenter d’endiguer sa propagation dans leurs frontières.

La Grande-Bretagne, qui a enregistré une dizaine de cas de contamination à ce jour, a déclaré notamment lundi que le coronavirus en question représentait une menace « imminente et grave » pour la santé publique.

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Les patients britanniques infectés sont soignés à l’hôpital londonien Royal Free NHS, à l’arrière-plan.

Le ministre de la Santé, Matt Hancock, a expliqué que cette qualification technique permettra au personnel soignant de placer en isolement toute personne présentant un « risque raisonnable » d’infection, qu’elle le veuille ou non.

Des médias anglais ont rapporté que la décision se voulait une réaction à l’attitude de quelques ressortissants anglais qui auraient tenté de se soustraire à la quarantaine prévue après leur évacuation de Wuhan, considéré comme le berceau de la crise.

Bateau de croisière au Japon

Les précautions des autorités japonaises, qui ont placé en quarantaine l’ensemble des passagers du bateau de croisière Diamond Princess le 3 février après la découverte d’un cas d’infection, suscitent aussi la controverse.

Les 2700 clients du navire, qui se trouvait à quai lundi à Yokohoma, près de Tokyo, ont appris dans la journée que 65 nouveaux cas avaient été décelés à bord, portant à 136 le nombre de personnes infectées, dont 8 Canadiens. Elles ont été transférées dans des hôpitaux locaux pour être soignées.

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Au port de Yokohama, des militaires japonais ont transféré 65 passagers infectés du Diamond Princess vers des hôpitaux locaux.

Les autres occupants du bateau sont confinés à bord jusqu’au 19 février et doivent demeurer la plupart du temps dans leurs cabines.

Flavie Trudel, qui est la sœur d’une Québécoise se trouvant à bord avec son conjoint, a indiqué lundi que le couple n’a pas de fenêtres dans sa petite chambre et ne dispose que d’une heure tous les trois jours pour monter sur le pont et prendre l’air.

« Ils sont prisonniers de leur chambre » et très inquiets de la possibilité d’être contaminés à leur tour, a indiqué Mme Trudel.

Ils aimeraient que le gouvernement canadien s’organise pour les envoyer poursuivre leur quarantaine ailleurs.

Flavie Trudel, sœur d’une Québécoise retenue à bord du Diamond Princess

Les autorités canadiennes ont indiqué en fin de semaine qu’elles suivent la situation des Canadiens à bord, mais n’ont pas évoqué la possibilité de les voir quitter le navire avant la date fixée par les autorités japonaises.

La semaine dernière, 213 ressortissants canadiens ont été évacués par Ottawa de Wuhan et acheminés à la base militaire de Trenton, en Ontario. Ils doivent subir une quarantaine de 14 jours correspondant à la plus longue période d’incubation estimée pour le coronavirus.

La Dre Theresa Tam, l’administratrice en chef de la santé publique du Canada, a indiqué lundi qu’aucun des passagers n’avait manifesté à ce jour de symptômes suggérant une possible contamination.

Elle a précisé par ailleurs que les 185 passagers d’un second vol d’évacuation devant atterrir mardi au Canada seront aussi tenus de demeurer à la base pour deux semaines.

Chine

Il y a deux semaines, le gouvernement chinois a placé en quarantaine Wuhan et de nombreuses villes voisines dans l’espoir d’endiguer la propagation du coronavirus, touchant plus de 50 millions de personnes dans la province du Hubei.

Plusieurs autres provinces chinoises ont emboîté le pas sans réussir pour autant à venir à bout du virus.

Plus de 300 cas d’infection ont été détectés par ailleurs dans une trentaine de pays, dont le Canada, qui en comptait sept lundi, concentrés en Ontario et en Colombie-Britannique.

Le président Xi Jinping, qui s’était fait relativement discret dans les médias officiels chinois au cours de la dernière semaine relativement au coronavirus, a rencontré lundi des responsables sanitaires à Pékin devant les caméras et livré, à distance, un message d’encouragement au personnel à Wuhan.

« Si Wuhan gagne, la province du Hubei va gagner ; si Hubei gagne, l’ensemble du pays gagne », a-t-il indiqué selon la télévision d’État.

Le gouvernement central a été placé sur la défensive la semaine dernière après l’annonce de la mort d’un jeune médecin qui avait tenté de sonner l’alarme en décembre sur l’apparition d’un nouveau virus dans la ville.

Les autorités policières l’avaient arrêté et accusé de propager des rumeurs infondées avec un groupe de praticiens. Ce n’est que le 20 janvier, à l’issue d’un discours de Xi Jinping appelant les élus à faire preuve de transparence, que l’ampleur de la crise a commencé à émerger.

— Avec l’Agence France-Presse