(Ottawa) Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo affirme que les États-Unis soutiennent le Canada face à la « détention coercitive de citoyens canadiens » en Chine.

M. Pompeo et le ministre canadien des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne, ont déclaré avoir discuté lundi au téléphone d’une série d’enjeux internationaux, notamment de la Chine, de la crise au Venezuela et de la prochaine présidence américaine du G7, qui regroupe les plus grandes économies de la planète.

Le ministre Champagne a indiqué que c’était « un appel très productif ».

Dans un compte rendu de cet échange, le porte-parole du département d’État américain, Morgan Ortagus, affirme que les deux chefs de la diplomatie « ont discuté de la détention arbitraire de deux citoyens canadiens, Michael Kovrig et Michael Spavor ».

« Les États-Unis soutiennent le Canada pour demander à Pékin de libérer immédiatement les deux hommes et rejettent l’utilisation de ces détentions injustifiées pour faire pression sur le Canada », ajoute le porte-parole dans un communiqué.

L’ex-diplomate Michael Kovrig et l’entrepreneur Michael Spavor ont été interpellés quelques jours après que le Canada a arrêté Meng Wanzhou, une haute dirigeante du géant chinois des technologies Huawei, en vertu d’un mandat d’extradition américain lié à des allégations de fraude. Les démarches d’Ottawa pour faire libérer les deux Canadiens sont restées vaines jusqu’à maintenant.

Dimanche, l’ambassade de Chine à Ottawa a critiqué « certains politiciens canadiens » qui auraient tenu des « propos erronés » sur la relation entre les deux pays et les deux Canadiens détenus en Chine.

La déclaration publiée sur le site web de l’ambassade ne dit pas quels politiciens sont visés et ne rapporte pas précisément les commentaires en question.

Il semble que cette réaction ait été provoquée par l’entrevue que le premier ministre Justin Trudeau a accordée la semaine dernière au réseau TVA.

Au cours de l’entretien, M. Trudeau a déclaré que le Canada avait demandé aux États-Unis de ne pas signer un accord de libre-échange avec la Chine tant que MM. Spavor et Kovrig ne seraient pas libérés.

La « diplomatie du mégaphone »

L’ambassade affirme que les tentatives de « se liguer contre la Chine » par le biais de la « diplomatie du mégaphone » sont « vouées à l’échec ».

La déclaration appelle également le Canada à libérer Meng Wanzhou.

Quelques jours après l’arrestation de Mme Meng à l’aéroport de Vancouver, la Chine a arrêté MM. Spavor et Kovrig.

Pékin affirme que les deux hommes ont été arrêtés pour des allégations d’espionnage, mais leur détention est largement perçue comme une mesure de représailles après l’arrestation de Mme Meng.

Le ministère chinois des Affaires étrangères a annoncé plus tôt en décembre que les dossiers des deux Canadiens avaient été transférés aux procureurs pour examen et poursuites.

« L’autorité judiciaire chinoise traite les dossiers dans le strict respect de la loi et leurs droits et intérêts légitimes sont garantis », indique le communiqué de l’ambassade.

« La partie chinoise exhorte la partie canadienne à respecter sérieusement l’esprit de primauté du droit et la souveraineté judiciaire de la Chine et à s’abstenir de faire des remarques irresponsables. »

Dans une longue entrevue avec La Presse canadienne la semaine dernière, le premier ministre Trudeau a dit regretter que MM. Kovrig et Spavor fassent les frais des tensions diplomatiques avec la Chine, mais a affirmé qu’il ne regrettait pas que le Canada ait respecté ses obligations en vertu du traité d’extradition avec les États-Unis.