Keith Ellison a trouvé une façon ingénieuse de clouer le bec aux xénophobes de son pays qui s'indignaient de sa décision de prêter serment sur le Coran aujourd'hui. Premier musulman jamais élu au Congrès, l'avocat de 43 ans a emprunté à la Bibliothèque du Congrès le Coran ayant appartenu à Thomas Jefferson, auteur de la Déclaration d'indépendance, signataire de la Constitution et troisième président des États-Unis.Au cours des dernières semaines, des conservateurs avaient jeté les hauts cris, soutenant qu'il fallait n'autoriser que la Bible pour les serments de prises de fonction. Il faut préciser que les élus du Congrès, par tradition, prêtent serment sur un livre saint dans une cérémonie privée qui suit la cérémonie publique et collective organisée pour marquer leur prise de fonctions. Dans la cérémonie publique, les élus ne prêtent pas serment sur un livre saint, se contentant de lever la main droite.

Dans un discours prononcé en Virginie en 1995, Bill Clinton avait rappelé l'importance de la liberté de religion aux yeux de Thomas Jefferson : «Le premier amendement à notre Constitution avait pour modèle la Loi sur la liberté de religion rédigée pour la Virginie par Thomas Jefferson, un texte dont son auteur était si fier que, sur sa demande, son épitaphe indique simplement, non pas qu'il a été président, vice-président ou secrétaire d'État des États-Unis, mais qu'il était le fondateur de l'université de Virginie, l'auteur de la Déclaration d'indépendance et l'auteur de la Loi de Virginie sur la liberté de religion.»