L'American Jewish Committee (AJC), une des plus importantes organisations juives aux États-Unis, a soulevé un débat houleux en publiant sur son site web un essai où le professeur Alvin H. Rosenfeld accuse des juifs de contribuer à la montée d'un antisémitisme virulent par leurs écrits et leurs paroles. Parmi les juifs visés par l'universitaire du Minnesota se trouvent le dramaturge Tony Kushner, l'historien Tony Judt, le journaliste Richard Cohen et la poète Adrienne Rich.Rosenfeld accuse ces juifs et d'autres d'encourager l'antisémitisme en remettant en cause non seulement les politiques d'Israël mais l'existence même de l'État hébreu. Dans une introduction à cette attaque, le directeur de l'AJC, David Harris, écrit : «L'aspect le plus étonnant - et désolant - de cette nouvelle tendance est la participation de certains juifs dans l'assaut verbal contre le sionisme et l'État juif.»

Dans une entrevue au New York Times, Tony Judt estime que l'AJC a publié l'essai de Rosenfeld dans l'espoir de réduire au silence les critiques d'Israël. Chroniqueur au Washington Post, Richard Cohen reproche pour sa part à Rosenfeld d'avoir dénaturé sa pensée sur l'État d'Israël dont il se dit un défenseur.

Cette controverse fait suite aux accusations d'antisémitisme dont l'ancien président Jimmy Carter a été la cible à la suite de la parution de son livre intitulé Palestine Peace Not Apartheid. Selon l'universitaire Alan Wolfe, ces accusations reflètent l'anxiété croissante de plusieurs juifs face à l'impopularité de la politique américaine au Moyen-Orient.