Quelle est la différence entre Jeff Fillion et Don Imus, deux animateurs de radio qui choquent en tenant des propos haineux? La différence, c'est que l'un d'eux est conspué par l'élite médiatique, alors que l'autre est adulé. Les Maureen Dowd et Frank Rich, entre autres, échangent le matin avec Imus, qui vient d'être suspendu pour avoir tenu des propos sexistes et racistes au sujet de jeunes athlètes afro-américaines. Les Dowd et Rich n'ont jamais critiqué Imus pour ses écarts. Le feront-ils? The Plank pose la question ici.Plusieurs facteurs expliquent la popularité d'Imus auprès de l'élite médiatique américaine. L'un d'eux revêt une importance particulière pour les Dowd et Rich, qui publient des best-sellers. Être invité à parler de son dernier livre sur les ondes du I-Man, c'est comme gagner le gros lot. L'homme fait vendre des livres et il s'en vante.

Ce matin, à l'émission Today de NBC, Imus a tenté de se défendre en soulignant que les rappeurs traitaient aussi les Afro-Américaines de putes. Lamentable. L'idée n'est pas de défendre ici les rappeurs, mais il faut rappeler que ceux-ci parlent presque toujours des ho's dans un contexte très précis, celui du cul et de l'argent.

Or Imus parlait d'athlètes universitaires, «des premières de classe, des futurs docteurs, des virtuoses de la musique», pour reprendre les mots du coach de l'équipe de Rutgers, C. Vivian Stringer, une Afro-Américaine, qui a critiqué l'animateur de radio ce midi en conférence de presse.

P.S. : Dans son commentaire, Luc Théberge m'accuse d'avoir menti dans la première phrase de ce billet. Je l'invite à lire cet extrait de la décision du juge Yves Alain dans la cause Sophie Chiasson contre Jeff Fillion et cie : «En fait, les propos visant Mme Chiasson sont sexistes, haineux, malicieux, non fondés, blessants et injurieux. Ils portent atteinte à la dignité, à l'honneur et à l'intégrité de l'être humain en général et de Mme Chiasson en particulier.»

P.P.S. : Deux annonceurs viennent de lâcher Imus.