C'est le sondeur républicain Frank Luntz qui offre l'explication la plus intéressante. Selon lui, le combat mondial contre l'islam radical est peut-être devenu aux yeux de la droite chrétienne une question religieuse plus importante que l'élection de juges conservateurs. «Ces mêmes personnes qui sont pro-vie appuieront Giuliani parce qu'il défendra l'éthique judéo-chrétienne et parce qu'il n'a pas peur d'aborder ce sujet. Pour ces électeurs, la guerre est devenue une question sociale.»

Quand Luntz parle de la guerre, il pense à la lutte contre le terrorisme en général et non pas seulement au bourbier irakien. Si certains démocrates estiment que la menace terroriste a été exagérée par l'administration Bush depuis le 11 septembre 2001, ce n'est certainement pas l'opinion de Giuliani et de son entourage. L'auteur de l'article du NYT Magazine cite l'intellectuel néo-conservateur Norman Podhoretz, un des conseillers du candidat, selon qui «le mouvement islamo-fasciste a plus de partisans dévoués que n'en avait le communisme à son apogée».

Face à ce péril réel ou imaginé, Giuliani estime que le prochain président des États-Unis devra être en mesure d'inspirer la peur dans le reste du monde plutôt que la sympathie ou le respect.