Moins d'un an après avoir averti les Américains qu'un Al-Qaeda en pleine résurgence préparait de nouveaux attentats aux États-Unis, la CIA change de ton et annonce que le réseau d'Oussama ben Laden a été largement défait en Irak et en Arabie saoudite et se trouve globalement sur la défensive, y compris à la frontière afghano-pakistanaise. «L'un dans l'autre, on s'en sort pas mal», a déclaré le directeur de la CIA, Michael Hayden, dans une entrevue au Washington Post.

Il y a deux ans, la CIA concluait que la guerre en Irak était un formidable outil de propagande pour Al-Qaeda. Aujourd'hui, l'agence de renseignements américaine estime que le carnage auquel se sont livrés les djihadistes dans ce pays a contribué à discréditer le réseau dans le monde musulman.

Les conclusions de la CIA sont partagées par un nombre croissant d'experts, dont Lawrence Wright, qui signe cet article fascinant dans le numéro courant de l'hebdomadaire The New Yorker sur les dissensions au sein même de l'islamisme radical. Le reportage est long mais indispensable pour ceux qui veulent discuter intelligemment de la menace terroriste.

Le titre de ce billet fait référence au dernier chapitre de l'article de Wright. J'en cite un extrait traduit par franssu, un de nos collaborateurs :

«Nous avons devant nous deux écoles de pensée», m'a dit Kamal Habib [un dirigeant clé de la première génération d'Al Jihad]. «La vieille école, qui fut exprimée par Al Jihad et son avatar, Al-Qaeda, était dirigée par Ayman al-Zawahiri, Sheikh Maqdisi, Zarqawi. La nouvelle école, qui s'est exprimée à travers le Dr Fadl, représente une bataille de la foi. C'est plus profond qu'une simple idéologie.» Il poursuit : «La tendance générale des mouvements islamistes dans les années 1970 était à l'intransigeance. Maintenant l'humeur générale va plus vers l'harmonie et la coexistence. La distance entre les deux est une mesure de leur expérience.» Il est ironique de constater que la pendée du Dr Fadl a donné naissance aux deux écoles de pensée. «Aussi longtemps qu'une personne vit dans le monde du djihad, l'ancienne vision contrôle sa pensée», dit Habib. Au coeur de la bataille, il ne se demande pas s'il a tort ou raison. Quand il se fait arrêter, il a le temps de réfléchir.»

(Photo AFP)