Automne 1982 : si l'on se fie aux sondages, les électeurs de Californie s'apprêtent à élire par une forte majorité leur premier gouverneur noir, Tom Bradley, maire démocrate de Los Angeles, qui fait la lutte au républicain George Deukmejian. Or les résultats de l'élection prennent tout le monde par surprise : Deukmejian arrache une courte victoire. Que s'est-il passé? Une théorie voit le jour : des électeurs blancs ont menti aux sondeurs, ne voulant pas donner l'impression d'être opposés au progrès racial. Quand ils se sont présentés aux urnes, ils ont voté pour le candidat blanc. C'est à peu près la définition de «l'effet Bradley», dont on parle beaucoup à l'approche de l'élection présidentielle 2008.

Le hic, c'est que l'effet Bradley est une légende urbaine. Pour s'en convaincre, il suffit de lire ce texte signé par Blair Levin et celui-ci écrit par Sal Russo. La premier homme est un ancien conseiller de Tom Bradley. L'autre a travaillé aux côtés de Deukmejian. Ils arrivent tous les deux à la même conclusion : les sondages de la course de 1982 n'avaient pas tenu compte des centaines de milliers de votes par anticipation générés par une campagne républicaine agressive. En outre, les sondeurs avaient cessé leurs études trop tôt pour mesurer l'impact d'un thème - le contrôle des armes à feu - que les républicains avaient exploité dans les derniers jours de la campagne.

Il faut donc être prudent quand on parle de l'effet Bradley...