Barack Obama peut être élu à la Maison-Blanche sans remporter l'Ohio, mais il n'en est pas de même pour John McCain. D'ailleurs aucun candidat républicain n'a accédé à la présidence sans avoir au préalable triomphé dans le Buckeye State. Cela étant dit, le candidat démocrate a des chances réelles de faire passer l'Ohio du rouge au bleu, s'il faut se fier à deux sondages publiés aujourd'hui. Dans l'étude de l'université Quinnipiac, il jouit d'une avance de 14 points et de 12 points dans celle du Big Ten Battleground Poll.

Bien sûr, ce ne sont là que des sondages. Que se passe-t-il sur le terrain? Le doyen des chroniqueurs politiques de Washington, David Broder, a tenté de répondre à cette question en se rendant dans un comté de l'Ohio qui a voté massivement pour George W. Bush en 2004. Il a visité les quartiers généraux des deux campagnes et a été frappé par le contraste entre les deux endroits. Je cite deux extraits de son article traduits par yvonthivierge, un de nos collaborateurs les plus précieux :

Je me suis rendu en voiture au bureau républicain de McCain, dans une rue du centre-ville en face du journal local, et y suis entré vers 14 h 30 après mon interview du midi avec Amstutz.

J'ai été accueilli par deux dames de ma génération, Judy Dichler et Roma Nicholac, qui m'ont fait savoir que le bureau avait ouvert le 22 septembre et que «c'est le premier vendredi que nous sommes restés ouverts». Pendant ma visite, une demi-douzaine de personnes sont venues prendre des pancartes McCain-Palin. On n'a demandé à aucune d'elles de faire autre chose pour la campagne.

Comme je m'apprêtais à partir, une troisième femme est arrivée et s'est silencieusement mise à coller à la main des étiquettes-adresses sur un tas de brochures.

(...)

En rendant visite au quartier général d'Obama, à deux coins de rue de celui de McCain, le contraste était saisissant. Seize personnes, assises à leurs postes, parlaient au téléphone ou travaillaient à un ordinateur. Deux d'entre elles avaient été importées : Alain Hankin, formateur en entreprise de Northampton, au Massachussets, un père de deux enfants qui a décidé de donner à la campagne cinq semaines de bénévolat, et David Litt, un New-Yorkais diplômé de l'université Yale en mai qui, ne se trouvant pas d'emploi, a lui aussi voulu aider Obama. Ils ont tous deux été sollicités pour mousser les vigoureux efforts déjà déployés à Wooster.

Deux femmes de l'endroit travaillant aux tables - Cullen Naumore et Catherine Wiandt - ont entendu parler le sénateur Joe Biden lors d'un discours qu'il a donné à la mi-septembre à l'université locale. Naumore n'avait jamais songé à faire du bénévolat dans le cadre d'une campagne et Wiandt avait abandonné la politique, désillusionnée, après avoir travaillé pour les démocrates dans son jeune temps.

Elles font désormais partie d'une équipe de bénévoles que Litt évalue à «100 par semaine et en pleine croissance».