Pourquoi les États-Unis ont-ils envahi l'Irak? Thomas Friedman, l'un des plus influents commentateurs américains en matière de politique étrangère, fournit aujourd'hui une réponse intéressante dans sa chronique du New York Times, saluant des exemples récents de l'indépendance de juges et journalistes irakiens. J'en traduis un extrait :

«C'est un rappel de la raison la plus importante de la guerre en Irak : essayer de collaborer avec les Irakiens pour instaurer la règle de droit et des politiques progressistes au coeur du monde arabo-musulman...»

Comme le souligne Glenn Greenwald sur son blogue, Friedman se livre à un spectaculaire révisionnisme journalistique. Pour s'en convaincre il suffit d'écouter à nouveau sa fameuse interview accordée à Charlie Rose le 30 mai 2003 :

Je cite le passage clé de sa réponse à Rose traduit par yvonthivierge, un de nos collaborateurs :

ROSE: Maintenant que la guerre est finie mais que la paix n'a pas été tout à fait acquise, cela en valait-il la peine ?

FRIEDMAN: Je crois indubitablement qu'il en valait la peine, Charlie. Je crois certainement qu'avec le recul je comprends mieux ce à quoi rimait cette guerre ... Je crains qu'il nous fallait aller dans cette partie du monde pour y crever l'abcès. Il nous fallait nous y rendre et essentiellement y utiliser un très gros bâton en plein coeur de ce monde et les faire revenir sur terre.

Et ils devaient y voir des Américains, gars et filles, passer d'une maison à l'autre, de Bassorah à Bagdad et leur demander essentiellement : quelle partie de cette phrase ne comprenez-vous pas? Vous pensez peut-être que nous ne tenons pas à notre société ouverte? ...

Eh bien. Suce. Moi. Ça. Voilà, Charlie, ce à quoi rimait cette guerre.

Nous aurions pu frapper l'Arabie saoudite. Elle faisait partie de cette bubulle. Ou encore le Pakistan. Nous avons frappé l'Irak parce que nous le pouvions. Voilà la vérité toute nue.