En lançant ses chaussures et des insultes à la tête du président Bush, Muntada al-Zaid a exprimé ce que ses proches ont décrit comme étant ses propres frustrations vis-à-vis de la politique américaine en Irak et fait de lui-même un héros instantané dans le monde arabe, peut-on lire dans cet article publié aujourd'hui à la une du Washington Post.

Le New York Times publie en première page un reportage semblable, précisant qu'un Saoudien avait offert dix millions de dollars pour acquérir une des chaussures qui ont raté de justesse le président des États-Unis. Une fille du leader libyen Mouammar Quaddafi a, de son côté, offert une médaille au journaliste de 29 ans pour saluer son courage. Elle a également demandé sa libération.

Selon le Times, Zaidi est passible d'une peine d'emprisonnement de sept ans pour avoir agressé un chef d'État étranger. La scène de son attaque lors d'une conférence de presse à Bagdad dimanche a été diffusée en boucle hier et avant-hier sur les chaînes de télévision arabes. Tous les Irakiens n'approuvent cependant pas son geste, même s'ils partagent la frustration du journaliste, qui serait devenu particulièrement amer à la suite du scandale de la prison d'Abou Ghraib. Je cite un médecin de Samarra, un baston sunnite situé au nord de Bagdad :

«Même si l'action n'était pas exprimée d'une façon civilisée, elle a montré les sentiments des Irakiens, qui sont de s'objecter à l'occupation américaine.»

(Photo Reuters)