En défendant la décision d'inviter le pasteur Rick Warren à prononcer une prière à l'occasion de son investiture, Barack Obama a fait trois déclarations douteuses, voire malhonnêtes. Je cite la première :

«D'abord, il n'est pas un secret que je suis un fervent supporteur de l'égalité des droits des homosexuels.»

Faux. Barack Obama est en faveur de la reconnaissance des unions civiles mais pas du mariage homosexuel, qui reconnaîtrait la pleine égalité des gais et des lesbiennes. Je ne parle pas de la reconnaissance du mariage homosexuel par les Églises mais par les États, comme c'est le cas au Massachusetts et au Connecticut et comme c'était le cas en Californie avant la victoire de la Proposition 8.

Deuxième déclaration douteuse, voire malhonnête :

«Mais on peut être en désaccord sans être désagréables.»

Rappelons que Warren a comparé le mariage homosexuel à l'inceste, la pédophilie et la polygamie. Obama aurait-il manifesté la même tolérance à son égard si le pasteur s'était également élevé contre les mariages interraciaux? Y a-t-il une différence entre les droits civiques des homosexuels adultes et ceux des hétérosexuels de toutes les couleurs? Je ne le crois pas.

Troisième déclaration douteuse, voire malhonnête :

«Et je voudrais préciser que j'ai été invité à parler dans l'église de Rick Warren, même si celui-ci savait que j'avais des opinions complètement contraires aux siennes sur les droits des homosexuels et sur l'avortement.»

L'investiture d'Obama sera, entre autres choses, l'aboutissement d'une longue lutte pour l'égalité des gens de couleur aux États-Unis. Ce n'est pas le moment d'honorer des gens qui invoquent la Bible pour confiner les homosexuels au rang de citoyens de deuxième classe qui était autrefois celui des Noirs, pour des raisons également tirées de la Bible.

Obama légitime-t-il l'homophobie? C'est bien ce que je crains. 

(Photo Reuters)