L'idée n'est pas nouvelle. De son vivant, Edward Said, le plus célèbre intellectuel palestinien en exil, a défendu la création d'un État binational, démocratique et laïc englobant Israël, la Cisjordanie et la bande de Gaza. Selon le défunt professeur de littérature anglaise et comparée à l'université Columbia de New York, les peuples d'Israël et de Palestine sont trop inextricablement liés pour être séparés.

L'idée de Said est reprise aujourd'hui par nul autre que le «guide de la révolution lybienne», Mouammar Kadhafi, qui signe ce texte d'opinion dans nul autre journal que le New York Times. Notons que plusieurs juifs d'Israël voient, derrière le concept d'un État binational que Kadhafi appelle «Isratine», une volonté de constituer un État arabe palestinien. Kadhafi y voit, de son côté, la seule solution réaliste au problème israélo-palestinien. Je cite dans le texte la conclusion de sa tribune d'aujourd'hui traduite par yvonthivierge, un de nos collaborateurs :

L'assimilation est déjà une réalité en Israël. Plus d'un million d'Arabes musulmans vivent en Israël; ils possèdent la nationalité israélienne et participent à la vie politique avec les juifs, formant avec eux des partis politiques. De l'autre côté, il y a des établissement israéliens en Cisjordanie. Les usines israéliennes dépendent de la main-d'oeuvre palestinienne et des biens et services sont échangés. Cette assimilation réussie peut servir de modèle pour Isratine.

Si l'interdépendance actuelle et la coexistence judéo-palestinienne factuelle et historique guident leurs leaders respectifs et si ces derniers peuvent voir au-delà de la violence récente et de leur désir de vengeance pour atteindre une solution à long terme, alors ces deux peuples finiront par réaliser, plus tôt que tard je l'espère, que vivre sous le même toit est la seule solution pour une paix durable.

(Illustration The New York Times)