Vous vous souvenez d'Eliot Spitzer? Il y a un an, l'ancien shérif de Wall Street démissionnait de son poste de gouverneur de l'État de New York en raison d'un scandale sexuel. L'homme a beau avoir déjà aimé fréquenter des prostituées, cela ne veut pas dire qu'il n'a plus rien à dire sur une de ses anciennes cibles, l'assureur AIG, comme on peut le constater dans la plus récente chronique qu'il signe sur Slate.
Selon Spitzer, il est de bon ton de s'émouvoir des primes versées aux responsables de la division financière d'AIG qui a failli causer sa perte l'an dernier, mais le vrai scandale n'est pas là. Le vrai scandale, à son avis, c'est la décision d'AIG de refiler des dizaines de milliards de dollars à des banques comme Goldman Sachs, Citigroup et Bank of America, qui avaient déjà reçu des dizaines de milliards de dollars dans le cadre du plan de sauvetage de Henry Paulson, secrétaire au Trésor sous George W. Bush. Je cite un passage de l'article de Spitzer traduit par Yvon Thivierge, un de nos collaborateurs :
Pourquoi Wall Street ne peut-elle pas endosser une partie de la charge avec ses redevances? Pourquoi Goldman devait-il empocher 100 cents par dollar? Ne lui avons-nous pas déjà infusé 25 milliards de dollars en capital et ne gardent-ils pas sous le coude plus de 100 milliards en espèces? Ne nous a-t-on pas récemment dit qu'ils retournaient à la stabilité fiscale? Dans ce cas, n'auraient-ils pas pu accepter une décote et n'auraient-ils pas pu consentir à certaines conditions avant que les dollars de l'AIG - soit les nôtres - ne se mettent à circuler?
Force est de constater qu'il s'agit là d'un coup monté de l'intérieur. L'AIG n'a fait que canaliser d'immenses flux de capitaux vers les mêmes vieux suspects, sans raison ni explication.