Vous êtes sans doute au courant que le Seattle Post-Intelligencer, un journal plus que centenaire, n'existe plus depuis hier que dans sa version électronique. D'autres quotidiens américains ont déjà abandonné leur édition papier et d'autres encore devront s'y résigner, favorisant l'émergence d'un nouveau produit en matière d'information, qu'un prof de MIT, Nicholas Negroponte, a baptisé The Daily Me.

Nicholas Kristof consacre sa chronique d'aujourd'hui dans le New York Times à ce phénomène susceptible de transformer chaque citoyen en éditeur de son propre journal, qu'il confectionnera en choisissant sur l'internet les nouvelles et les opinions qui l'intéressent. Faut-il se réjouir ou s'inquiéter de ce phénomène? Le chroniqueur du Times choisit de s'en inquiéter, comme on peut le constater dans ce passage :

Tout semble indiquer que, de façon générale, nous ne voulons pas vraiment de la bonne information mais plutôt une information qui conforte nos préjugés. Sur le plan intellectuel, nous croyons peut-être au choc des opinions mais, de façon pratique, nous aimons nous réconforter dans un cocon d'idées qui se font écho.

P.S. : La réflexion de Kristof coïncide avec la sortie au Québec du documentaire Derrière la Toile : le quatrième pouvoir, de Jacques Godbout et Florian Sauvageau. Nathalie Petrowski, de La Presse, y a consacré cette chronique et Paul Cauchon, du Devoir, ce reportage. Je cite un passage de l'article de Cauchon :

Derrière la Toile est plutôt un survol des bouleversements qui se produisent sous nos yeux, avec le déplacement de l'auditoire vers Internet, la baisse d'intérêt chez les jeunes envers le journal écrit, la «surinformation» provoquée par les nouvelles plateformes de diffusion, la façon dont les grandes entreprises tentent désespérément de s'adapter, le rôle des blogueurs, et ainsi de suite.

Si leur film ne semble pas porter de jugement, c'est tout simplement parce qu'«il est encore trop tôt pour porter un jugement» sur ce qui se passe, déclarait Jacques Godbout après la projection.