Tom Goldstein, collaborateur à SCOTUSblog, donne une belle leçon de journalisme au New York Times dans ce billet où il analyse les décisions de la juge Sonia Sotomayor dans les 96 causes de discrimination sur lesquelles elle a dû se pencher à la Cour d'appel fédérale de New York (outre la cause Ricci contre DeStefano, à propos de laquelle je vous invite à lire cette analyse). La recherche de Goldstein avait pour but de déterminer si, comme le veulent ses critiques, la magistrate d'origine hispanique est incapable d'impartialité en raison de ses origines ethniques. Je cite la conclusion de Goldstein traduite par Yvon Thivierge, un de nos collaborateurs :

Sur les 96 cas, la juge Sotomayor et le panel ont rejeté environ 78 plaintes pour discrimination et en ont retenu 10; les 8 plaintes restantes concernaient d'autres sortes de griefs ou dispositions. Neuf des 10 plaintes retenues l'ont été à l'unanimité. (Plusieurs des victoires ont, du reste, résulté d'un vice de procédure et non de la preuve qu'il y avait eu discrimination. Pour sept de ces neuf plaintes retenues à l'unanimité, le panel comptait au moins un juge républicain. Dans l'unique opinion partagée, la dissension portait seulement sur la question technique de savoir si l'accusé avait renoncé à contester la sélection du jury. En sorte que la juge Sotomayor a rejeté des plaintes liées à la discrimination dans une proportion d'environ 8 contre 1. (...)

Au regard de cette feuille de route, il semble absurde d'affirmer que la juge Sotomayor permet à la question raciale d'infecter sa prise de décisions.

De son côté, le New York Times publie aujourd'hui un article soulevant la possibilité que les luttes passées de Sonia Sotomayor sur les campus de Princeton et Yale en faveur des programmes de discrimination positive pourraient constituer un obstacle à sa nomination à la Cour suprême des États-Unis. Le journal ne publie cependant pas une ligne sur sa feuille de route en tant que juge sur les questions raciales.

Notons que Barack Obama a qualifié d'«absurdes» hier les accusations de racisme formulées contre Sotomayor par certains critiques conservateurs, dont Newt Gingrich et Rush Limbaugh. Le président est cependant d'avis que la magistrate énoncerait différemment aujourd'hui une de ses déclarations remontant à 2001 pour laquelle elle a été critiquée.

(Photo AFP)