Si Benjamin Nétanyahou compte sur l'appui des juifs américains dans son bras de fer avec Barack Obama sur la question des implantations israéliennes en Cisjordanie, il risque d'être déçu, selon le chroniqueur du Washington Post Harold Meyerson, qui signe aujourd'hui ce texte. Meyerson appuie une partie de sa thèse sur un sondage publié en mars par l'organisation J Street. Selon cette étude, 60% des juifs américains s'opposent à la poursuite des activités de colonisation en Cisjordanie et 72% sont en faveur de pressions accrues de la part des États-Unis auprès d'Israël et de ses voisins arabes pour arriver à une solution au conflit israélo-palestinien.

Meyerson évoque également l'opinion d'un des plus fidèles alliés d'Israël au Congrès, le parlementaire démocrate de Queens Gary Ackerman, au sujet de la «croissance naturelle», l'euphémisme par lequel Nétanyahou et ses supporteurs justifient la poursuite des activités de colonisation en Cisjordanie. Je la cite dans le texte :

"Having children can't be an excuse to expand a settlement. Neither side should be expanding beyond its perimeters or attacking the other side. No expansions, no how, no way, no shticks, no tricks."

Nétanyahou a réitéré sa position sur la question des implantations juives en Cisjordanie lors de son discours de dimanche, dont voici une traduction française. J'en cite un extrait qui a dû ulcérer les Palestiniens :

Toutefois, notre droit d'édifier ici, en Terre d'Israël, un pays souverain, procède d'un fait simple : cette terre est la patrie du peuple juif, celle où s'est forgée notre identité.

Comme le proclama dans la Déclaration d'Indépendance le premier chef de gouvernement israélien, le Premier ministre David Ben-Gurion : Eretz Israel est le lieu où naquit le peuple juif. C'est là que se forma son caractère spirituel, religieux et national. C'est là qu'il réalisa son indépendance, créa une culture à la fois nationale et universelle, et fit don de la Bible au monde entier.

Pour autant, nous ne devons pas dissimuler une partie de la vérité : dans cette

patrie vit une grande communauté palestinienne. Nous ne souhaitons ni les

dominer, ni régir leur existence, pas plus que leur imposer notre drapeau et notre

culture.

P.S. : De passage à Washington où il a rencontré Hillary Clinton, le chef de la diplomatie israélienne, Avigdor Lieberman, a fait un pied de nez à l'administration américaine en opposant un refus catégorique à un gel de la colonisation juive en Cisjordanie.

(Photo AFP)