Les néoconservateurs ne sont plus seuls à critiquer l'attitude de Barack Obama au sujet de la situation iranienne. Si leurs attaques contre la prudence du président peuvent être mises sur le compte de l'opportunisme ou du bellicisme, il n'en est pas de même, en revanche, pour le malaise provoqué chez plusieurs spécialistes de l'Iran et certains responsables américains par une déclaration du chef de la Maison-Blanche concernant le président réélu Mahmoud Ahmadinejad et le candidat malheureux du camp réformateur, Mir Hossein Moussavi. Je cite cette déclaration faite mardi lors d'une entrevue sur CNBC :

«Je pense qu'il est important de comprendre que la différence en termes de politique réelle entre MM. Ahmadinejad et Moussavi n'est peut-être pas aussi grande qu'on l'a dit... Nous allons devoir traiter avec un régime hostile.»

Même s'il avait raison sur le fond, Obama a semblé minimiser, par cette déclaration, l'importance des manifestations historiques de Téhéran et les espoirs que les opposants d'Ahmadinejad ont investis dans Moussavi. Après tout, comme on peut le lire dans cet article publié aujourd'hui à la une du New York Times, certains de ses supporteurs voient l'ancien premier ministre iranien comme «le Ghandi de l'Iran». Le portrait de Moussavi que brosse le Times est certainement plus nuancé, ou complaisant, que certains articles qui circulent sur le Net l'accusant notamment d'avoir joué un rôle direct ou indirect dans l'exécution de 30 000 dissidents au début de la révolution iranienne. À vous d'en juger.

Quoi qu'il en soit, Moussavi court un grand risque personnel en contestant les résultats de la présidentielle, et le président américain a probablement gaffé en refusant de voir qu'il incarne la possibilité d'un changement en Iran. Je cite à ce sujet le commentaire de Karim Sadjadpour, spécialiste de l'Iran au Carnegie Endowment for International Peace :

«Jusqu'ici, le président avait formulé des commentaires très équilibrés et réfléchis sur l'Iran. Mais il a commis une grave erreur qui n'est pas caractéristique de son approche. Des gens risquent leur vie dans les rues parce qu'ils veulent un changement fondamental dans la façon dont l'Iran est gouverné. Notre message ne devrait pas être que cela ne représente pas une grande différence pour les États-Unis.»

(Phot Getty Images)