Les autorités chinoises l'accusent d'avoir orchestré depuis les États-Unis les émeutes qui ont frappé la région du Xinjiang en Chine, où les bilans officiels font état de plus de 150 morts à la suite des affrontements entre Ouïghours et Hans. Âgée de 63 ans, mère de 11 enfants, Rebia Kadeer nie cette accusation, mais il ne fait pas de doute qu'elle est le chef de file des exilés ouïghours aux États-Unis, le Washington Post allant jusqu'à l'appeler «la mère du mouvement ouïghour» dans ce portrait publié aujourd'hui en première page.

Cette ancienne blanchisseuse a bâti en Chine un empire commercial que les autorités du pays ont déjà cité en exemple du succès auquel les citoyens de toutes les origines ethniques et religieuses peuvent aspirer. Rebia Kadeer a commencé à avoir des démêlés avec ces mêmes autorités en tentant de profiter de sa renommée pour défendre les droits et la culture des Ouïghours, une ethnie turcophone et musulmane. Emprisonnée en 1999 et exilée aux États-Unis en 2005 - elle vit en banlieue de Washington -, Kadeer rejette l'étiquette de «séparatiste» que lui accolent les autorités chinoises.

Présidente du Congrès mondial ouïghour, Rebiya Kadeer tente de rallier l'opinion publique mondiale à la cause de son peuple, comme l'ont fait les Tibétains avec la figure du Dalaï Lama. Elle cherche à instaurer un dialogue avec le gouvernement central pour aller vers une plus grande autonomie du Xinjiang, une province dont le sous-sol regorge de minerais et représente la moitié des réserves en hydrocarbure de la Chine. Ironie amère: les émeutes des derniers jours, qui auraient fait plus de 400 morts selon Kadeer, auront permis de sensibiliser un plus grand nombre de personnes aux politiques discriminatoires de Pékin à l'égard des Ouïghours.

Je cite une déclaration de Rebiya Kadeer tirée du Post :

«Le gouvernement nous réprime tellement. Ce que les gens veulent est ce que je veux: ils veulent la liberté.»

(Photo The Washington Post)