De retour d'un séjour en Chine où il a tourné un documentaire pour la chaîne PBS, l'éminent professeur de Harvard Henry Louis Gates a eu du mal, jeudi dernier, à ouvrir la porte de sa résidence de Cambridge, située non loin de Harvard Square. Avec l'aide de son chauffeur de taxi, il est parvenu à la décoincer avec quelques bons coups d'épaule.

Après avoir vu ces deux hommes noirs entrer ainsi dans une maison de son quartier en début d'après-midi, une voisine blanche a appelé la police, qui a dépêché un agent sur les lieux. S'est ensuivie une altercation entre l'agent et Gates qui a pris fin sur l'arrestation de l'universitaire. Celui-ci a notamment accusé l'agent de racisme, selon le rapport de police. Au policier qui lui expliquait qu'il ne faisait que répondre à un appel signalant un vol par effraction, Gates aurait rétorqué : «Pourquoi, parce que je suis un homme noir en Amérique?»

L'avocat de Gates affirme que son client a montré à l'agent des documents prouvant qu'il se trouvait dans sa propre maison et qu'il enseignait à Harvard, où il dirige un institut de recherche prestigieux (W.E.B. Du Bois Institute for African and African American Research). L'agent a indiqué dans son rapport que Gates s'était adressé à lui en criant et avait refusé de s'identifier immédiatement. On trouve ici le compte rendu du Boston Globe qui donne la version de Gates et celle du policier.

L'histoire est remarquable parce qu'elle se déroule dans une ville du Massachusetts - Cambridge - qui se veut un modèle de tolérance et d'harmonie raciales. Elle met de plus en scène une sommité du monde universitaire qui a été nommée en 1997 parmi les 25 Américains les plus influents par l'hebdomadaire Time. Âgé de 58 ans, Gates a notamment été l'animateur d'une série de PBS retraçant les origines de plusieurs célébrités afro-américaines, dont Oprah Winfrey, Morgan Freeman et Chris Rock.

Et voilà que la photo d'arrestation de Gates apparaît aujourd'hui dans les journaux, comme celle d'un vulgaire criminel. Voici un reportage télévisé sur cette affaire :