Quelles sont les probabilités que trois détenus gardés à l'isolement et surveillés par des caméras 24 heures sur 24 réussissent à se tuer par pendaison le même soir dans la prison de Guantanamo? Cette question a été soulevée dès l'annonce de la mort de trois prisonniers du centre de détention américain, le 10 juin 2006. Le Pentagone a tenté d'y répondre en août 2008 en publiant un document hautement censuré qui confirmait la thèse initiale : les trois «djihadistes» se seraient suicidés pour promouvoir leur cause. Or les explications des militaires sont aujourd'hui contestées dans un rapport exhaustif rendu public par la faculté de droit de l'Université de Seton Hall. Je cite un extrait du rapport (merci à guylaine101 pour la traduction) :

On ne peut expliquer la pendaison de trois détenus dans leur cellule pendant au moins deux heures alors que les cellules sont constamment surveillées, à la fois par des caméras vidéo et par des gardes qui font continuellement des rondes dans les corridors et qui n'ont que 28 détenus à garder.

On ne peut expliquer le fait que chacun de ces détenus, encore moins les trois, ait pu déchirer et tresser ses draps et/ou vêtements pour en faire un noeud coulant, formé un mannequin afin que les gardes pensent qu'il dormait dans sa cellule, suspendu des draps pour bloquer la vue à l'intérieur de sa cellule (ce qui constitue une infraction aux instructions permanentes), se soit lié les pieds et les poings, ait accroché le noeud coulant à la toile métallique du mur de la cellule et/ou du plafond, ait monté sur le lavabo, se soit inséré la tête dans le noeud coulant et se soit laissé tomber dans le vide, résultant en une mort par strangulation, et que les gardes ne remarquent rien pendant au moins deux heures.

Comme on peut le lire dans ce billet de Glenn Greenwald, les parents des détenus ont intenté des poursuites contre des membres de l'administration Bush, les accusant notamment d'avoir avalisé le recours à la torture contre les prisonniers, dont l'un avait été lavé de tout soupçon de terrorisme et aurait dû être libéré. Or l'administration Obama emploie tous les moyens à sa disposition pour empêcher la tenue de procès sur cette affaire qui sent le camouflage à plein nez.

(Photo AFP)