Faut-il prendre Sarah Palin au sérieux? La réponse de Marc Ambinder est catégorique : you betcha. Comme le souligne le rédacteur en chef du blogue Politics dans ce billet, aucun politicien républicain ne suscite autant d'enthousiasme que l'ex-candidate à la vice-présidence au sein de l'électorat conservateur. Mais il y a plus, selon Ambinder : Palin gère son image publique avec un doigté que ses adversaires potentiels pour l'investiture républicaine en vue de l'élection présidentielle de 2012 doivent eux-même prendre au sérieux. Un conseiller d'un de ces aspirants virtuels confie d'ailleurs à Ambinder : «Si les primaires avaient lieu cette année, je pense qu'elle l'emporterait.» Je cite un extrait du billet d'Ambinder traduit par guylaine101, une de nos collaboratrices :

Palin, comme l'explique Jonathan Raban dans un excellent texte publié dans le New York Review of Books, possède «un instinct politique exceptionnel lui permettant de former des liens avec les siens». Certains ont dit que son conservatisme aurait pris naissance dans le ressentiment et qu'il se serait alimenté du spectre des mauvais traitements de l'élite (Palin est assez futée pour y répondre). Mais ça va plus loin. En plus d'une liste de griefs, Palin associe une dérision à la Nixon à l'endroit de ceux qui se pensent supérieurs à une dimension d'aspiration incitant la classe moyenne à voter. Elle ne fait pas partie des cercles branchés de Washington et de New York : elle est originaire d'Idaho et une mère «rurbaine», en mesure d'éliminer les tendances cosmopolites du Parti républicain (c'est une des raisons pour lesquelles la campagne de McCain n'a pas su s'occuper d'elle). Elle constitue, comme un ami a déclaré, une version hybride entre Nixon et Buchanan.

Un mélange de Richard Nixon et Pat Buchanan «avec des tétons», ajoute Andrew Sullivan dans un commentaire sexiste qui n'évoque pas moins un facteur important de la popularité de Palin : son sex-appeal. Sullivan ne prend pas seulement Palin au sérieux, il en a peur, la voyant comme une force létale. Je le cite dans le texte :

But Palin is so, so much more than Bush - so much more charismatic, so much more shameless, so much more prepared to use proto-fascist memes to demonize elites and run rings around a tepid media unable to confront her with her lies. In normal times, she would be a joke. In depression times, as debt mounts, and wars against "the other" at home and abroad fester, as one party openly advocates using the military to snatch "enemy combatants" off the streets and dispatch them to detention and torture sites, such as Gitmo ... well, she is a force to be reckoned with, as I've said from the very start.

Comme on peut le voir dans la photo d'Associated press qui coiffe ce billet, Palin s'est moquée de ses critiques dimanche en écrivant Hi mom! dans le creux de sa main avant un discours au Texas. La foule a adoré...