Deux des chroniqueurs vedettes du New York Times, Paul Krugman (photo de droite) et Andrew Ross Sorkin, sont engagés depuis hier dans une polémique très publique qui consterne peut-être leur employeur (je n'en suis pas certain, car la controverse aura sans doute un effet positif sur la fréquentation des blogues de Krugman et de Sorkin).

L'intérêt de cette polémique dépasse largement les personnalités en question, puisqu'elle nous permet de revenir sur le plan de sauvetage des banques (TARP). Auteur d'un best-seller sur la crise financière intitulé Too Big To Fail, Sorkin a signé hier une chronique dans laquelle il écrit que les économistes Paul Krugman et Nouriel Roubini avaient conseillé à Washington de «suivre l'exemple des Suédois en nationalisant le système bancaire au complet». Une suggestion qui semble aujourd'hui plus folle que jamais, selon Sorkin, compte tenu que les contribuables américains finiront peut-être par être remboursés au complet par les établissements financiers secourus par le TARP.

Dans un billet publié hier dans son blogue, Krugman, prix Nobel d'économie 2008, réclame des excuses à son collègue, le mettant au défi de trouver une seule phrase dans ses écrits où il aurait appelé à la nationalisation du «système bancaire au complet». Dans un billet publié aujourd'hui dans son blogue, Roskin cite deux phrases où Krugman parle de nationaliser le système bancaire.

Or, selon cet article d'Andrew Leonard de Salon, Sorkin aurait dû présenter ses excuses à Krugman, qui s'est seulement dit en faveur d'une nationalisation temporaire et partielle du système bancaire américain. La chronique originale du golden boy du Times faisait suite à la publication dans le Wall Street Journal d'un article indiquant que le sauvetage du système financier devrait coûter au contribuable américain 89 milliards de dollars, soit beaucoup moins que les 250 milliards prévus il y a un an seulement. Le coût du sauvetage de Wall Street pourrait continuer à diminuer et peut-être même se transformer en profits.