On estime à plus de 1 500 le nombre de lobbyistes, banquiers et autres démarcheurs qui assisteront demain aux auditions d'une commission sénatoriale sur la question des produits financiers dérivés, l'un des principaux obstacles à la progression des travaux du Sénat sur la réforme de Wall Street voulue par Barack Obama. Conçus à l'origine comme une assurance contre certains risques, les produits dérivés sont devenus de formidables outils de spéculation, dont l'utilisation à outrance a mené à la crise financière de 2008.

Le secrétaire du Trésor Timothy Geithner a envoyé la semaine dernière une lettre aux sénateurs Christopher Dodd et Blanche Lincoln, respectivement présidents des commissions bancaire et agricole, rappelant l'objectif de l'administration Obama concernant les produits dérivés. J'en cite des extraits :

«Le département du Trésor a demandé il y a un an que le marché des produits dérivés s'échangeant de gré à gré soit régulé intégralement, afin de limiter les excès qui furent véritablement à l'origine de la crise financière.»

«Je sais que les groupes d'influence du secteur financier opposent une résistance forte. Cependant, la valeur nominale de ces produits atteint 600 000 milliards de dollars aujourd'hui. Il est par conséquent primordial de réussir sur ce point pour aboutir à une réforme de Wall Street qui soit efficace et sérieuse.»

Pour des raisons qui remontent au rôle prépondérant que l'agriculture a déjà joué dans l'économie américaine, c'est la commission agricole du Sénat qui est chargée de débattre de la question des produits dérivés.