Une voix off se fait entendre au début de la quatrième saison de Mad Men, posant une question : «Qui est Don Draper?» À deux jours de la diffusion du premier épisode de cette nouvelle saison sur la chaîne AMC, la critique de télévision du Los Angeles Times offre sa propre réponse à la question soulevée par les créateurs de cette excellente série américaine (la meilleure?) qui se déroule dans le monde de la pub new-yorkaise des années 1960 : le publicitaire de Madison Avenue, interprété par Jon Hamm, est le diable incarné. Je cite un extrait de sa thèse qui donne une idée de l'ambiance de l'émission (ceux qui suivent présentement la première saison de Mad Men à Télé-Québéc et qui ne veulent pas connaître certains secrets de la vie de Don Draper doivent s'abstenir de lire l'article du Times) :

«Don ment à tout le monde tout le temps. Et contrairement à plusieurs antihéros de la télévision, il parvient à le faire en paraissant aussi bien que Dorian Gray.

«Passons outre les grandes questions - l'antisémitisme/racisme/sexisme/homophobie que l'émission explore à l'occasion mais qu'elle traite surtout comme des accoutrements ou des accessoires étranges tels les gaines et le whisky à l'eau avec des glaçons -, Don est en faillite morale selon même les critères de l'époque. Il trompe sa femme, il trompe sa maîtresse, il n'a aucune peine à mentir au public, même si cela signifie nier les preuves scientifiques selon lesquelles la cigarette peut causer le cancer. Et l'idée que son comportement devrait changer ne semble pas effleurer son esprit - jamais.»

Don Draper, le diable? Pas sûr. Don Draper, diable de publicitaire? Certainement. Il en fait notamment la démonstration dans le dernier épisode de la première saison de Mad Men, intitulé Le Carrousel, lorsqu'il propose aux représentants de Kodak de donner un nouveau nom à leur projecteur de diapositives. Ses arguments sont encore plus poignants lorsqu'on connaît un de ses plus douloureux secrets :