Contrairement à la Maison-Blanche, le Pentagone ne croit pas que la publication des documents confidentiels obtenus par WikiLeaks ait compromis la sécurité nationale des États-Unis ou mis en danger la vie des soldats américains en Afghanistan. Comme on peut le lire dans cet article, aucun des rapports militaires rendus publics par le site de Julian Assange (photo) n'était classé top secret. WikiLeaks a cependant en sa possession 15 000 autres documents sensibles sur le conflit afghan qui pourraient être diffusés prochainement.

En attendant, plusieurs observateurs fustigent Assange et WikiLeaks pour avoir publié en vrac une masse d'archives militaires qui n'ajoute rien de vraiment nouveau à la connaissance du déroulement de la guerre en Afghanistan. C'est notamment le constat que fait aujourd'hui le Washington Post dans cet éditorial ansi que dans cet article qui réfute la comparaison établie par le fondateur de WikiLeaks entre les documents diffusés par son site et l'affaire dite des Pentagon Papers - la fuite d'une étude ultraconfidentielle en 47 volumes sur l'engagement américain au Vietnam.

De son côté, le New York Times publie ce texte d'Andrew Exum, un analyste militaire ayant lui-même servi en Afghanistan comme soldat et civil, qui reproche à WikiLeaks d'avoir rendu encore plus obscur un conflit déjà complexe en publiant une montagne de documents sans fournir le moindre contexte. Je cite un extrait de son texte :

«Si son but est de promouvoir la paix, M. Assange et son type d'activisme n'aident pas autant qu'il le pense. En confondant activisme et journalisme, et en engageant son organisation dans le débat sur l'Afghanistan sans se soucier des choix moraux difficiles et du manque de solutions politiques adéquates auxquels font face les décideurs, il est aussi téméraire et destructeur que le ou les soldats méprisables qui ont coulé les documents.»

Dans ses pages de nouvelles, le Times publie néanmoins cet article sur l'impact potentiel des fuites sur le public et les élus du Congrès. Dans un éditorial, le quotidien se penche par ailleurs sur la collusion entre les services de renseignement pakistanais et les talibans, une des questions sur laquelle les documents de WikiLeaks jettent une lumière crue.

(Photo The New York Times)