J'ai complété hier soir la lecture des magazines qui s'étaient accumulés dans ma boîte aux lettres pendant mes vacances. Je me dois de porter à l'attention des lecteurs de ce blogue l'enquête controversée de la journaliste du New Yorker Jane Mayer sur le rôle des milliardaires David (photo) et Charles Koch dans l'éruption du Tea Party, un mouvement qui se veut populiste. Par le biais d'American for Prosperity, un des nombreux groupes qu'ils financent discrètement, ces deux industriels qui ont fait fortune dans les raffineries de pétrole et les pipe-lines ont participé à l'organisation de plusieurs manifestations contre l'administration Obama et fourni aux militants du Tea Party arguments et orateurs.

Selon Mayer, les Koch tentent d'exploiter la colère anti-Washington et anti-Obama manifestée par le Tea Party pour atteindre leurs objectifs de libertariens purs et durs, à savoir un État minimal, ce qui signifie notamment des impôts et une réglementation minimums. Comme le souligne la journaliste chevronnée, les frères Koch ne sont évidemment pas les premiers milliardaires à tenter d'influencer la politique américaine. Chez les progressistes, George Soros est l'un de ceux qui puise dans sa vaste fortune pour financer des groupes ou candidats politiques.

Revenant sur l'enquête de Mayer dans un article publié dimanche dernier, le chroniqueur du New York Times Frank Rich a ajouté un nom aux milliardaires qui auront joué un rôle crucial dans la montée du Tea Party : Rupert Murdoch, propriétaire de Fox News, une chaîne qui ne s'est pas gênée pour faire la promotion de ce mouvement.

L'enquête de Mayer a été dénoncée par David Koch et par plusieurs journalistes, blogueurs et commentateurs libertariens. L'un d'eux, Conor Friedersdorf, signe ici une critique posée du travail de la journaliste du New Yorker, qui a retenu l'attention au cours des dernières années grâce à des articles et à un livre sur les méthodes d'interrogation de la CIA sous la présidence de George W. Bush. Matt Welch, de Reason, une revue libertarienne financée par les frères Koch, a pour sa part défendu son mécène dans ce billet.

(Photo The New Yorker; illustration The New York Times)