En ces jours où Hosni Moubarak est décrit jusqu'à plus soif comme l'allié le plus important des États-Unis dans le monde arabe, il n'est pas inutile de rappeler la responsabilité des attentats du 11 septembre 2001 que fait porter à son régime Lawrence Wright, auteur de The Looming Tower : Al-Qaeda's Road to 9/11.

Dans son livre, Wright défend la thèse selon laquelle «la tragédie américaine du 11 septembre est née dans les prisons d'Égypte». Je cite un passage de The Looming Tower traduit par Jean Émard, un de nos collaborateurs :

Les défenseurs des droits de l'homme au Caire affirment que la torture a créé une soif de vengeance, d'abord chez Sayyid Qutb et plus tard chez ses acolytes, notamment Ayman al-Zawahiri. La principale cible de leur colère a été le gouvernement laïc égyptien, mais un puissant courant de cette colère avait aussi pour cible l'Occident, qu'ils considèrent comme une force agissante derrière le régime répressif. Ils ont tenu l'Ouest responsable de corrompre et d'humilier la société islamique. En effet, le thème de l'humiliation, qui est l'essence de la torture, est central pour comprendre la rage contre l'Occident des islamistes. Les prisons d'Égypte sont devenues des usines à produire des militants pour qui le besoin de vengeance (qu'ils appellent «justice») était dévorant.

Le livre de Wright m'est revenu à l'esprit ce matin en lisant cet article signé par le chroniqueur conservateur Ross Douthat dont le premier paragraphe se termine sur cette phrase :

«Si Moubarak n'avait pas régné sur l'Égype comme un dictateur au cours des 30 dernières années, les tours du World Trade Center seraient très possiblement encore debout.»

(Photo Reuters)