L'excellent correspondant du New York Times au Moyen-Orient, Anthony Shadid, tente de répondre à la question de 64 000$ dans cette analyse qui traite notamment des Frères musulmans. Je traduis quelques passages de son article :

Même si les révolutions iranienne et égyptienne partagent une date commune, le 11 février, les comparaisons ne vont pas plus loin. Des millions de personnes ont accueilli l'ayatollah Ruhollah Khomeini à son retour de Paris. En Égypte, il n'y a aucune firgure charismatique de la même stature.

Contrairement au clergé chiite d'Iran, les Frères musulmans ne sont dirigés ni par des religieux ni par une organisation religieuse. De plusieurs façons, la confrérie représente une partie de la classe moyenne laïque. Les ressorts mêmes des révolutions iranienne et égyptienne sont très différents : en Iran, des cassettes de discours de l'ayatollah Khomenini ont contribué à lancer la révolution. L'internet a joué un rôle crucial dans les soulèvements égyptien et tunisien (...)

D'un bout à l'autre du monde arabe, les mouvements islamiques les plus militants sont ceux qui sont engagés dans des conflits - le Hezbollah et le Hamas - ou qui sont apatrides, comme Al-Qaïda (...)

De plusieurs façons, la confrérie représente l'envers de ce modèle, offrant un contre-exemple qui trouve un écho dans le succès du Parti pour la justice et le développement en Turquie. Elle a mis un bémol sur les activités classiques du militantisme islamique - la charité et le prosélytisme, entre autres - pour mettre l'accent sur le succès politique au Parlement.

Même si elle demeure profondément conservatrice, la confrérie s'intéresse moins aux débats parfois frivoles sur le voile et l'éducation et plus à des préoccupations articulées par l'ensemble de la société à propos de la corruption, du chômage, de la liberté politique et des droits de la personne.

(Photo AP)