«C'est un acte honteux, inhumain et immoral. Je ne peux pas imaginer qu'on assassine un bébé de quatre mois, ou une femme», a déclaré le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas hier, condamnant fermement l'assassinat de cinq membres d'une famille de colons juifs de Cisjordanie.

Cette tuerie survenue samedi a suscité un immense émoi en Israël et compromis encore davantage l'avenir déjà incertain des pourparlers israélo-palestiniens. «Ils tuent, nous construisons», a déclaré Binyamin Netanyahou aux endeuillés, alors que son gouvernement donnait le feu vert à la construction de centaines de logements en Cisjordanie.

Mais le premier ministre israélien n'avait pas besoin de cette tragédie pour poursuivre une politique de colonisation condamnée le mois dernier par tous les pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU, à l'exception des États-Unis, qui ont opposé leur veto à une résolution sur le sujet. Pour se rappeler, il suffit de lire cet éditorial du rédacteur en chef de l'hebdomadaire The New Yorker David Remnick, qui évoque notamment l'influence du père de Netanyahou sur son fils (invité à la fin des années 1990 chez Benzion Netanyahou, un historien aujourd'hui âgé de 101 ans, Remnick écrit : «Je ne suis pas sûr d'avoir jamais entendu autour d'une table une discussion plus outrageusement réactionnaire»).

Dans son éditorial, Remnick fait allusion à un appel téléphonique logé par le premier ministre Netanyahou à Angela Merkel pour exprimer sa déception à la suite du vote de l'Allemagne au Conseil de sécurité de l'ONU en faveur de la résolution condamnant la politique de colonisation israélienne. Je cite Remnick :

«Selon le compte rendu du quotidien israélien Haaretz, une source allemande a déclaré que Merkel avait eu peine à réprimer sa colère. "Comment osez-vous (me dire cela)? Vous êtes celui qui nous déçoit. Vous n'avez pas fait le moindre pas vers la paix".»

Remnick ne recommande pas à Barack Obama de transmettre au téléphone le même message à Netanyahou mais plutôt de se rendre en Israël afin d'y présenter un plan de paix global. Je cite la conclusion de son éditorial :

«Si l'Amérique doit être une amie utile, elle doit à Israël la clarté, tout comme Israël et le monde doivent justice - et une nation - au peuple palestinien.»

(Photo AFP)