2003 : la Libye reconnaît officiellement sa responsabilité dans l'attentat de Lockerbie et accepte de verser des compensations financières aux familles de victimes, deux conditions à la levée des sanctions de l'ONU et des États-Unis à son encontre.

2009 : des collaborateurs de Mouammar Kadhafi convoquent 15 dirigeants de multinationales travaillant dans les champs pétrolifères libyens pour leur demander de fournir l'argent dû par leur pays - 1,5 milliard de dollars - aux familles de victimes de l'attentat de Lockerbie. Les sociétés qui refuseront de verser leur part s'exposeront à de «lourdes conséquences».

Selon cet article publié aujourd'hui à la une du New York Times, plusieurs compagnies ont refusé de céder au chantage des collaborateurs de Kadhafi. Mais d'autres sociétés, dont plusieurs ont leur siège aux États-Unis, ont accepté de régler la note du terrorisme libyen.

Le reportage du Times s'appuie sur des documents du département d'État obtenus par WikiLeaks ainsi que sur des témoignages de responsables gouvernementaux et de sociétés privées. Le quotidien dépeint la Libye comme une «kleptocratie où la famille Kadhafi et ses proches alliés ont des intérêts directs dans tout ce qui a un peu de valeur».

Plusieurs compagnies américaines ont tenté d'entrer sur le marché libyen au cours des dernières années, dont Boeing, Raytheon, ConocoPhilips, Occidental, Caterpillar et Halliburton. Ceux qui ont décroché des contrats ont dû verser des «bonis» atteignant parfois le milliard de dollars. C'est notamment le cas de Petro-Canada, une des deux sociétés canadiennes avec SNC-Lavalin mentionnées dans l'article du Times dont je cite un extrait dans le texte :

The year before, Petro-Canada, a large Canadian oil company, made a similar $1 billion payment after Libyan officials granted it a 30-year oil exploration license, according to diplomatic cables and company officials. (...)

The company also courted a Qaddafi son, Seif al-Islam. Petro-Canada sponsored an exhibit of his paintings - ridiculed by Canadian critics as "lurid" and a "triumph of banality" - after museums refused. A Montreal business, SNC-Lavalin, which won more than $1 billion in Libyan contracts, also sponsored the exhibit and a soccer team that hired another Qaddafi son, Saadi, as a player.

(Photo The New York Times)