Andrew Sullivan rassemble ici les réactions de plusieurs commentateurs sur l'accord budgétaire conclu à la dernière minute vendredi soir entre républicains et démocrates. Je souligne l'opinion du journaliste Jonathan Chait, qui donne aux républicains la victoire dans cette première d'une série de batailles budgétaires qui marqueront 2011.

Chait ne se souvient pas d'un parti d'opposition qui ait pu se servir de sa majorité dans une des chambres du Congrès pour imposer ses politiques à la Maison-Blanche et à l'autre chambre du Congrès. C'est pourtant ce que les républicains de la Chambre des représentants ont réussi à faire, selon lui. En comparaison, les démocrates étaient parvenus à mettre un frein aux visées de George W. Bush après leur conquête de la majorité au Sénat et à la Chambre des représentants en 2006, mais ils n'avaient pas su faire accepter au président républicain leurs priorités.

Chait explique cette situation par l'attitude moins doctrinaire, plus conciliante, des démocrates. Mais plusieurs commentateurs progressistes, dont Paul Krugman, ne cachent pas moins leur déception face à Barack Obama, lui reprochant notamment de s'être félicité vendredi et samedi de «la plus grande réduction annuelle des dépenses de l'histoire» américaine.

Obama a cependant démontré depuis la raclée subie par les démocrates en novembre 2010 qu'il avait l'intention de gouverner au centre afin d'améliorer ses chances d'être réélu en 2012. Et le centre a semblé apprécier le rôle qu'il a joué dans les négociations sur l'accord budgétaire, si l'on se fie à un sondage CNN/Opinion Research publié aujourd'hui : 48% des électeurs estiment que le mérite de l'accord revient à Obama et aux démocrates, contre 35% qui estiment que le mérite revient plutôt à John Boehner et aux républicains.

Mais il demeure que tout ce débat s'est déroulé sur un terrain choisi par les républicains. Reste à savoir si les autres batailles budgétaires se joueront sur le même terrain.