Le ministère de la Justice américain a annoncé cet après-midi l'ouverture d'une enquête criminelle sur la mort de deux détenus de la CIA, une décision qui pourrait mettre un terme à l'immunité dont ont joui les agents du renseignement américain ayant eu recours à des techniques d'interrogatoire illégales pour faire parler des suspects de terrorisme.

L'annonce du ministre Eric Holder fait suite à une recommandation d'un procureur spécial, John Durham, qui avait été chargé en août 2009 d'enquêter sur les méthodes d'interrogatoire utilisées par la CIA dans le cadre de la «guerre contre le terrorisme» de l'administration Bush.

L'un des détenus, Manadel al-Jamadi, est mort en 2003 dans la prison américaine d'Abou Ghraib. Le corps de cet homme avait été plongé dans la glace pour retarder le moment de l'annonce de sa mort. L'autre détenu, Gul Rahman, est mort en 2002 dans une prison secrète de la CIA en Afghanistan.

Le procureur spécial a jugé que le traitement par la CIA de près de 100 autres détenus ne justifiait pas une enquête criminelle. L'annonce du ministère de la Justice ne devrait pas moins susciter la controverse aux États-Unis, où certains républicains ont attribué l'élimination d'Oussama ben Laden aux techniques d'interrogatoire «renforcées» de la CIA.

Au moment de la nomination de John Durham, des défenseurs des libertés civiles avaient par ailleurs déploré que l'enquête du procureur ne vise pas d'abord et avant tout ceux qui avaient approuvé ou fermé les yeux sur les méthodes de la CIA.