«Le Parti républicain n'est peut-être plus un parti normal», écrit le chroniqueur conservateur du New York Times David Brooks dans une critique pointue de l'attitude du GOP dans les pourparlers sur le relèvement du plafond de la dette, dont l'échec pourrait avoir de lourdes conséquences pour l'économie mondiale.

Mais avant d'aller plus loin, un rappel des faits : selon le Trésor américain, les États-Unis ne seront plus en mesure de faire face à leurs remboursements d'emprunts si le Congrès n'a pas voté, d'ici au 2 août, le relèvement du plafond de la dette américaine, de quelque 14 300 milliards. Les républicains, majoritaires à la Chambre des représentants, posent comme condition à leur vote d'un relèvement de ce plafond des coupes budgétaires drastiques.

Comme le souligne Brooks dans sa chronique, les démocrates, majoritaires au Sénat, se sont dits prêts à accepter des mesures réduisant les dépenses publiques de 3 000 à 4 000 milliards de dollars, à condition que les républicains acceptent d'éliminer des niches fiscales qui permettraient d'augmenter modestement les revenus de l'État.

Or les républicains s'opposent à toute augmentation de fiscalité pour réduire le déficit budgétaire et contrôler l'explosion de la dette. Brooks ne les traite pas de fanatiques, mais c'est tout comme. Je traduis quelques extraits de sa chronique :

«Si le Parti républicain était un parti normal, il prendrait avantage de ce moment étonnant. On lui offre le marché du siècle. Des milliers de milliards de dollars en coupes budgétaires contre quelques centaines de millions de dollars en hausses de revenus.» (...)

«Mais nous ne pouvons pas avoir confiance que ces républicains saisiront cette occasion. (...) Les membres de ce mouvement n'acceptent pas la logique du compromis, aussi avantageuses que soient les conditions. Si vous leur demandez d'augmenter les impôts d'un pouce pour couper le gouvernement d'un pied, ils diront non. Si vous leur demandez d'augmenter les impôts d'un pouce pour couper le gouvernement d'une verge, ils diront encore non.

«Les membres de ce mouvement n'acceptent pas la légitimité des intellectuels et des universitaires. Un millier d'experts impartiaux peuvent dire qu'un défaut de paiement (de la dette) pourrait avait des conséquences calamiteuses, bien pires que l'augmentation modeste des impôts. Mais les membres de ce mouvement n'y croient pas.

«Les membres de ce mouvement n'ont aucun sens de décence morale. Une nation fait une promesse sacrée de rendre l'argent qu'elle emprunte. Mais les membres de ce mouvement parlent de défaut de paiement comme si de rien n'était et sont prêts à entacher l'honneur de leur nation.»