En se prosternant devant les partisans du Tea Party, les dirigeants et candidats présidentiels du Parti républicain risquent de répéter en 2012 l'erreur commise par le Parti démocrate en 1972, selon les politologues David Campbell et Robert Putnam, qui signent aujourd'hui un texte hautement discuté dans le New York Times.

En 1972, fortement influencé par les militants du mouvement contre la guerre au Vietnam, le Parti démocrate avait choisi pour affronter Richard Nixon le plus à gauche de ses candidats à l'investiture, George McGovern, qui allait subir une dégelée historique lors de l'élection présidentielle.

Or, selon Campbell et Putnam, les partisans du Tea Party ne sont pas plus représentatifs de l'ensemble de l'électorat américain que ne l'étaient les opposants de la guerre du Vietnam qui défilaient dans les rues américaines. En fait, selon les données de leurs sondages, ils sont moins populaires que les «musulmans» et les «athées», deux groupes minoritaires desquels aucun candidat républicain à la présidence ne voudrait se réclamer.

Campbell et Putnam interrogent depuis 2006 un groupe représentatif de 3 000 Américains sur leurs opinions politiques. Leurs sondages leur permettent aujourd'hui de remettre en question certaines idées reçues concernant les partisans du Tea Party. Contrairement à ce que prétendent leurs publicistes, ceux-ci ne sont pas issus de tous les partis mais bien de l'aile la plus partisane du Parti républicain.

Et leur motivation première n'est pas de réduire le rôle du gouvernement fédéral mais d'élire des politiciens «profondément religieux», selon Campbell et Putnam, qui voit une confirmation de leurs données dans le succès de Michele Bachmann et Rick Perry, deux candidats à l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle de 2012.

Les partisans du Tea Party, avant même l'arrivée de Barack Obama sur la scène nationale, exprimaient d'autres part des opinions plus négatives que le reste des républicains au sujet des Noirs et de l'immigration.