C'est aujourd'hui que sort aux États-Unis le nouveau livre très attendu de Ron Suskind, ancien journaliste du Wall Street Journal et lauréat du prix Pulitzer, Confidence Men : Wall Street, Washington, and the Education of a President.

Comme je l'explique aujourd'hui dans cet article, cet ouvrage ne peut guère tomber plus mal pour Barack Obama, qui y est décrit comme un «amateur brillant» - un président cérébral, inexpérimenté et dépourvu du leadership nécessaire pour faire face à l'avalanche des problèmes économiques dont il a hérité.

J'ai déjà fait allusion dans un billet précédent à cette anecdote étonnante où Suskind accuse le secrétaire au Trésor Timothy Geithner d'avoir carrément ignoré une directive du président l'enjoignant de préparer un plan pour la scission possible de Citigroup, le géant bancaire. J'ajoute dans mon papier d'aujourd'hui cette déclaration assassine de Lawrence Summers, principal conseiller économique d'Obama de janvier 2009 à décembre 2010, à Peter Orszag, alors directeur du bureau du Budget de la Maison-Blanche :

«Nous sommes seuls à la maison. Il n'y a pas d'adultes responsables. Clinton n'aurait jamais commis ces erreurs.»

Geithner et Summers, entre autres, ont nié les actions ou les déclarations que leur prête Suskind, comme on peut le constater dans cet article de Politico. Il demeure que leur seule présence à la Maison-Blanche renforce la thèse de l'auteur. Comment Obama a-t-il pu s'entourer de ces partisans de la dérégulation qui a contribué à la débâcle financière de 2008?

Confidence Men n'est évidemment pas le premier livre à faire mal paraître un président en fonction. Suskind avait d'ailleurs dressé un réquisitoire contre l'administration Bush dans The Price of Loyalty, un livre écrit avec la collaboration de l'ancien secrétaire au Trésor Paul O'Neill. Bob Woodward avait également présenté dans The Agenda un président Clinton désorganisé et disposé à trahir ses promesses électorales pour faire plaisir à Wall Street.

Mais le nouveau livre de Suskind arrive au moment où les critiques d'Obama mettent en doute comme jamais ses compétences pour faire face aux problèmes économiques des États-Unis. Comme l'explique aujourd'hui le New York Times dans cet article, le président semble avoir laissé tomber la conciliation vis-à-vis des républicains, optant pour la confrontation.

Mais ne s'agit-il pas seulement d'une posture pré-électorale qui arrive trop tard pour avoir un impact réel sur les problèmes de l'économie, de la finance et du gouvernement?

À suivre, bien sûr...