Vous avez du mal à croire au complot qu'aurait téléguidé Téhéran pour assassiner l'ambassadeur d'Arabie saoudite à Washington? Vos doutes ne seront sans doute pas dissipés par la lecture du portrait que consacre aujourd'hui le New York Times à Mansour Arbabsiar, l'Iranien naturalisé Américain à qui la force Al Qods, branche opérationnelle des Pasdaran, aurait fait appel pour orchestrer le meurtre du diplomate avec l'aide d'un cartel de narcotrafiquants mexicains.

Je traduis des extraits de l'article du Times :

Mais Mansour J. Arbabsiar, 56 ans, l'homme au centre d'un complot iranien présumé pour tuer un diplomate saoudien à Washington, semble être davantage un opportuniste cafouilleur qu'un tueur calculateur. Au cours des quelque 30 années de sa vie au Texas, il a laissé derrière lui une série de commerces en faillite et de créditeurs en colère, et une ex-femme amère qui a réclamé une ordonnance de protection contre lui. Il avait perpétuellement l'air débraillé, disent ses amis et connaissances, et il semblait toujours complètement désorganisé.

M. Arbabsiar, qui est aujourd'hui détenu à New York, est accusé par la justice américaine d'avoir mis en branle un complot terroriste mondial qui s'étend de Mexico à Téhéran et qui était téléguidé par la force Al Qods des gardiens de la révolution iranienne. Plusieurs de ses vieux amis et associés au Texas semblaient estomaqués par cette nouvelle, non pas seulement parce qu'il (Arbabsiar) n'était pas un fanatique mais parce qu'il semblait trop incompétent pour réussir le coup. (...)

L'acte d'accusation contre M. Arbabsiar ne précise pas le montant d'argent qu'il devait recevoir des Iraniens, qui sont accusés de lui avoir demandé de verser 1,5 million de dollars à un cartel de narcotrafiquants mexicains pour assassiner l'ambassadeur saoudien aux États-Unis. Le fait qu'il ait été question d'argent n'étonne pas les amis de longue date de M. Arbabsiar, qui affirment que celui-ci n'était aucunement intéressé par la religion ou la politique, et fumait de la marijuana et buvait de l'alcool ouvertement.

Ces détails conforteront dans leur opinion les plus sceptiques parmi les spécialistes de l'Iran. Ceux-ci font valoir que la force Al Qods n'est pas connue pour avoir opéré aux États-Unis et qu'elle n'a pas l'habitude de confier des missions aussi risquées à des amateurs ou à des groupes avec lesquels elle n'entretient pas des liens de longue date.

Mais les enquêteurs américaines affirment que Mansour Arbabsiar a bel et bien établi des contacts avec des membres d'Al Qods lors de voyages qu'il a effectués en Iran au cours des deux dernières années. Ils disent également fonder leurs allégations concernant une implication des plus hautes autorités iraniennes dans le complot sur des appels téléphoniques interceptés et des virements bancaires, comme on peut le lire dans cet autre article du New York Times.