Andrew Sullivan, un des blogueurs les plus populaires aux États-Unis, répond à cette question par l'affirmative dans le numéro courant de l'hebdomadaire Newsweek, qui consacre sa page couverture à ce sujet provocateur.

Sullivan, qui continue à se définir comme un conservateur, s'attaque dans cet article aux critiques conservateurs et progressistes du président, qui refusent à son avis de reconnaître les réussites de ce dernier.

Je cite un extrait de l'article de Sullivan concernant les critiques conservateurs d'Obama (merci à caminomtl pour la traduction) :

La droite prétend que la politique de relance économique a été un échec parce qu'elle n'a pas permis de ramener le taux de chômage à 8% dans la première année, tel que prédit par l'équipe économique de transition d'Obama. À la place, ce taux a atteint un sommet à 10,2%. Il faut cependant noter que le taux prévu de 8% avait été estimé avant qu'Obama n'entre en fonction. Ce taux était erroné principalement parce qu'il était fondé sur des données statistiques qui prévoyaient que l'économie ne se contracterait que de 4%, et non pas 9%. En faisant abstraction de ces mauvaises estimations statistiques (réalisées tant par des économistes du gouvernement que du secteur privé), le programme de relance économique a eu les impacts qu'on en anticipait : mettre un frein à la dégringolade. Il n'est pas exagéré de dire qu'il a permis de prévenir une spirale descendante qui aurait pu conduire à une récession économique de l'ampleur observée lors de la Grande Dépression.

Vous penseriez, en écoutant les débats républicains, qu'Obama a augmenté les impôts. Encore une fois, rien n'est moins vrai. Non seulement a-t-il consenti à ne pas éliminer les baisses d'impôts de l'ère Bush sur l'entièreté de son premier mandat, mais il a également réduit les impôts pour la plupart des Américains. Un tiers de son programme de relance était des réductions d'impôts bénéficiant à 95% des contribuables. De même, il a réduit les taxes sur la masse salariale, et a du se battre récemment contre les républicains pour que ces coupes demeurent. Du côté des dépenses, sa performance est aussi bien meilleure que celle de son prédécesseur. Sous Bush, les nouvelles initiatives en matière d'imposition et de dépenses ont couté aux contribuables un total de 5,07 milliards de dollars. Sous Obama, l'impact tant réel que projeté de ses budgets aura induit une hausse de 1,4 milliards de dollars sur huit ans. Sous Bush et les républicains, les dépenses discrétionnaires hors défense ont augmenté deux fois plus vite que sous Obama. Maintenant : imaginons que Bush ait été un démocrate et Obama un républicain. Vous pourriez facilement défendre l'opinion que Obama aurait été un partisan d'une approche fiscale bien plus conservatrice que son précécesseur - excepté évidemment que Obama a eu à gouverner alors que sévissait la pire récession depuis les années 30 alors que Bush, suite au ralentissement économique de 2001, a gouverné en situation de croissance économique modérée. Cela demande des efforts pour faire croître une dette en période de croissance économique comme Bush l'a fait. Ça demande encore bien davantage d'efforts pour contenir la croissance de la dette pendant la récession que Bush a léguée à Obama.

Et voici un extrait concernant les critiques progressistes d'Obama (merci à guyat pour la traduction) :

Bien que la gauche soit moins déséquilibrée dans sa critique, elle est tout aussi susceptible de ne pas bien distinguer l'écran pour des pixels en moins. Dès le début, les libéraux ont projeté sur Obama des notions absurdes de ce qu'un président peut réellement faire dans un pays polarisé, où tout nécessite 60 votes au Sénat, même pour avoir une chance d'en faire une loi. Ils l'ont décrit comme une marionnette de Wall Street, un avatar de Bush en matière de libertés civiles, un élitiste incapable de saisir le moment populiste qui est son opportunité historique. Ils s'élèvent contre ses tentatives d'atteindre un grand accord sur la réforme du droit. Ils déplorent sa trop modeste relance, sa trop faible réforme financière, et sa trop prudente approche de droits civiques des homosexuels. Ils se plaignent qu'il réagit aux agressions enragées des républicains par des appels impérieux d'unité et de compromis.

Il leur manque, il me semble, deux choses essentielles. La première est le simple niveau de ce qui a été accompli sur les questions progressistes dont ils disent se préoccuper. Une dépression a été évitée. Le renflouement de l'industrie automobile a été -étonnamment- un succès. Même le renflouement des banques a été remboursé en grande partie par un secteur bancaire en pleine réhabilitation. La guerre en Irak - un sujet qui a fait d'Obama le candidat démocrate - a été terminée dans les temps et surtout, sans soldats laissés derrière. Le budget de la Défense est coupé de façon constante, alors même que Barack Obama a éloigné son propre parti de la réaction du style Pelosi en ce qui a trait au droit des prestations du gouvernement fédéral. Sous Obama, le soutien à l'égalité du mariage et la légalisation de la marijuana s'est élevé à des niveaux record. Sous Obama, un État crucial, New York, a fait de l'égalité du mariage pour les gais un droit irréversible du mode de vie américain. Les gais ont maintenant le droit de servir ouvertement dans l'armée, et la défense de la Loi sur le mariage se meurt devant les tribunaux, faute de soutien du ministère de la Justice d'Obama. Beaucoup d'argent public a été versé dans les investissements en énergie verte, via le programme de relance économique. Les normes d'émission de carbone ont considérablement augmenté. La torture est terminée. Deux femmes modérément libérale ont remplacé deux hommes à la Cour suprême. Ah oui, et le St-Graal libéral qui a échappé à Johnson, Carter et Clinton : les soins de santé quasi universels, est devenu texte de loi. Politifact a récemment noté que, des promesses spécifiques, 508, soit tiers, ont été remplies, et que seulement deux n'ont eu aucune suite.

Pour avoir fait tout cela, tout en luttant contre une ouragan économique, rend Barack Obama aussi artiste et honnête qu'on peut s'attendre d'un politicien.